Aller au contenu

Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1898.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
6
REVUE PÉDAGOGIQUE

les écoles de pharmacie, organisation à l’Observatoire de Paris d’un service météorologique, création de la commission centrale des bibliothèques universitaires. Mais c’est surtout plus tard, au Sénat, de 1890 à 1896, qu’il mérita grandement de l’enseignement supérieur, comme rapporteur des deux projets de loi sur les universités.

Cette idée des universités, il l’avait entrevue, sous son ministère, comme le terme où devait aboutir la réorganisation de l’enseignement supérieur ; mais il ne l’avait pas vue avec la même netteté que plus tard. Autrement, au lieu de disperser ses efforts sur toutes les facultés qui existaient alors, il les eût concentrés sur certaines d’elles, et il n’eût pas créé lui-même quelques-uns de ces faits qui, plus tard, firent résistance et échec aux idées qu’il soutenait comme rapporteur.

Le projet de loi déposé par M. Léon Bourgeois, en 1890, portait que seuls les groupes comprenant les quatre facultés de droit, de médecine, des sciences et des lettres seraient érigés en universités. M. Bardoux fut un champion déterminé et enthousiaste du projet. « Le but que nous voulons atteindre, disait-il dans son rapport, est une large décentralisation scientifique. » Avant d’écrire ce rapport, il avait voulu voir en action une des futures universités ; il était allé à Lyon avec le ministre, et il en était revenu émerveillé et plein de confiance. Sa conviction et son éloquence échouèrent devant les résistances combinées des intérêts particuliers ; mais il ne se tint pas pour vaincu et resta prêt à reprendre le rapport sur un autre projet. L’occasion lui en fut fournie en 1895 par M. Poincaré. Cette fois, il s’agissait de faire des universités partout où il y avait au moins deux facultés, mais en donnant à chacune d’elles, ce que ne faisait pas le projet de 1890, des ressources personnelles proportionnées au nombre des étudiants. M. Bardoux n’hésita pas à se charger du rapport. Il vit du premier coup d’œil la portée du projet, et il comprit que, si ce n’était pas la façon la plus directe, c’était encore une façon de créer dans les départements ces foyers de vie scientifique et intellectuelle que les libéraux de la Restauration, du gouvernement de Juillet et de la fin du second Empire avaient vainement réclamés. Votée à l’unanimité par la Chambre, la loi le fut à la presque unanimité par le Sénat. Ce fut une grande joie pour le rapporteur.

Ses deux rapports demeureront un précieux commentaire de