NOTICE NÉCROLOGIQUE
À l’heure où l’enseignement des filles est en pleine prospérité, nous ne pouvons laisser partir sans leur accorder un souvenir ceux qui ont contribué à l’organisation et au développement de cet enseignement. C’est à ce titre que la Revue pédagogique rappelle le nom de Mme Blankley, ancienne fondatrice-directrice des cours normaux de Versailles, décédée dans cette ville le 4 octobre dernier.
Mme Blankley a été mêlée à tout ce qui s’est fait depuis 1860 pour l’instruction des filles. Elle-même était entrée dans l’enseignement poussée par une vocation irrésistible et avait sacrifié tous les avantages que lui offraient la fortune, la haute considération que lui assurait en Angleterre sa parenté avec deux familles illustres. Elle s’était fait naturaliser, s’était fixée à Versailles et dès 1865 fondait des cours dont l’organisation devançait comme progrès, comme résultats, tout ce que M. Duruy devait créer plus tard. La ville de Versailles répondit l’une des premières à l’appel de ce ministre libéral et Mme Blankley se trouvait toute désignée pour être placée à la tête des cours municipaux d’enseignement secondaire des jeunes filles. Elle les dirigea du reste avec le plus parfait désintéressement et payait souvent de ses deniers la rétribution exigée pour des jeunes filles qu’elle savait pauvres, fières et dignes d’être encouragées.
Elle avait à un haut degré le souci de l’éducation et savait inspirer avec le goût du savoir le désir de le transmettre et d’en faire un instrument de culture morale. Auprès d’elle, et sous son inspiration, se sont formées de nombreuses institutrices auxquelles elle communiquait sa foi dans l’éducation, son zèle et qui lui ont voué une reconnaissance inaltérable.
Lorsque l’école normale d’institutrices fut fondée en 1879, Mme Blankley n’eut pas la joie de la créer ; la direction du lycée de jeunes filles devait encore lui échapper, mais elle n’en continua pas moins de s’intéresser au mouvement scolaire et, devenue aveugle, accablée par l’âge, elle n’en continuait pas moins son apostolat, servant jusqu’à la dernière heure la cause à laquelle elle avait voué sa vie.
Puisse le souvenir de cette éducatrice être un réconfort pour celles qui, à tous les degrés, dans tous les rangs, servent la cause de l’instruction des femmes.