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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1898.djvu/8

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REVUE PÉDAGOGIQUE

versel et de despotisme, il fut, dès la première heure, libéral et républicain, et il le resta jusqu’à la dernière, unissant indissolublement le suffrage universel comme instrument, la république comme forme et la liberté comme but.

Je n’ai à dire ici que ses contributions aux progrès de l’instruction publique. Ses vues politiques en cette matière s’étaient marquées déjà avant qu’il fût ministre, en particulier dans la discussion de la loi de 1875 sur la liberté de l’enseignement supérieur. Libéral irréductible, il ne fut pas de ceux qui combattirent le principe de cette loi au nom du droit de l’État. Il n’estimait pas qu’introduite déjà dans l’enseignement primaire et dans l’enseignement secondaire, la liberté, en pénétrant dans l’enseignement supérieur, fit-courir un péril à l’unité morale de la nation. Il n’estimait pas davantage que l’État républicain, fondé sur la liberté, fût en droit de refuser, au citoyen qui sait, la faculté de dire ce qu’il sait. Cette faculté, à ses yeux, découlait de la liberté de conscience, et partant elle était un droit pour tous les citoyens. Mais en votant la liberté de l’enseignement supérieur, il refusait d’y joindre, comme un corollaire, la collation des grades. Cela, c’était pour lui un droit absolu de l’État, parce que c’est une garantie d’ordre social, et autant il était contraire aux empiétements de l’État sur ce qui lui semblait le droit des citoyens, autant il s’opposait aux entreprises des particuliers sur les droits certains de l’État. Malgré ses efforts, malgré son éloquence, la collation des grades, avec les jurys mixtes, fut, en 1875, abandonnée aux universités libres. Il fut de ceux qui, aussitôt que les circonstances le permirent, réclamèrent les reprises nécessaires. Un contre-projet de lui, daté du 30 juin 1879, proposait la suppression des jurys mixtes et le retour des examens aux seuls jurys d’État, l’extension de la liberté à l’ouverture des cours isolés, enfin l’intervention de la loi pour reconnaître d’utilité publique les établissements libres d’enseignement supérieur, trois propositions qui devinrent bientôt la substance de la loi de 1880.

Où se marque encore très nettement son souci de concilier la liberté avec les droits de l’État, c’est dans un projet sur les conseils supérieurs de l’enseignement, préparé pendant son ministère et qu’il défendit à la Chambre, sous forme de contre-projet, lors de la discussion de la loi sur le Conseil supérieur de l’instruction