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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1904.djvu/275

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LA MUTUALITÉ

vement une œuvre de prévoyance personnelle ? ou n’implique-t-elle pas d’abord l’idée d’association, puis l’idée d’assistance, soit par des membres honoraires, soit par des donateurs, soit par des subventions de la collectivité ? Est-il vrai de penser que l’assistance, ainsi pratiquée, humilie le mutualiste, favorise tantôt la paresse, tantôt la haine ? M. Lépine en est convaincu. Avec les solidaristes nous pensons le contraire.

6° Est-il mauvais que l’État intervienne et prenne sa part des charges mutualistes, pour encourager l’effort personnel préalable et en décupler l’efficacité ? Ici encore, les solidaristes, à l’encontre de M. Lépine, trouvent cette intervention utile et bienfaisante, pour si lourdes qu’en doivent être les conséquences budgétaires.

7° Convient-il d’assimiler complètement la mutualité scolaire aux autres sociétés de secours mutuels ? N’a-t-elle pas, grâce à l’emploi simultané du livret individuel et du fonds commun, sa physionomie propre ? Et en supposant démontrée la supériorité du livret individuel sur le fonds commun (chose contestable, voir le n° 2, la mutualité scolaire n’est-elle pas organisée de façon à utiliser simultanément les avantages des deux modes de retraites, l’une par le livret individuel, l’autre par le fonds commun ? Les organisateurs de ce système n’ont-ils pas donné, au point de vue théorique, l’exemple du probabilisme, et, au point de vue pratique, l’exemple de la prudence, en faisant concourir à un même but deux systèmes différents, d’inégale valeur, mais également utiles ?

8° Toutes ces questions, en définitive, reviennent à celle-ci qui les embrasse toutes : convient-il d’organiser la mutualité sur le mode « individualiste » avec le seul livret individuel ? ou bien sur le mode « altruiste et solidariste » avec, en outre, le fonds commun ? M. Lépine, avec les actuaires, choisit le mode individualiste. Quant à nous, avec MM. Léon Bourgeois et Mabilleau, Cavé et Ed. Petit, nous choisissons le mode « solidariste ».

Au lecteur de choisir. Peut-être aura-t-il le droit de penser que la Mutualité, organisée sur le mode « individualiste », n’est plus la mutualité, mais simplement la prévoyance personnelle, l’épargne, la société d’assurances.

F. Alengry,
Inspecteur d’Académie à Limoges.