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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1909.djvu/47

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LA RÉFORME DE L’ENSEIGNEMENT DU DESSIN

de l’enseignement du dessin n’en doive être de nécessité que l’aboutissement ; nous croyons, au contraire, qu’elle en peut très bien marquer le point de départ. Voilà justement, croyons-nous, quelle a été la pensée directrice des auteurs du nouveau programme ; elle se fait assez clairement entendre par le soin qu’ils ont pris d’établir une coordination entre les classes de dessin et celles des autres professeurs. Dans l’édifice universitaire, le dessin jusqu’à présent n’occupait tout au plus qu’une annexe ; les portes aujourd’hui lui sont toutes grandes ouvertes ; il est de la maison. Sans avoir l’esprit chimérique, on peut espérer qu’insensiblement il pourra en changer l’air.

Que l’on retienne plus ou moins des critiques que nous avons rappelées, on ne peut nier en tout cas que, par l’esprit qui l’inspire, la réforme de l’enseignement du dessin se rattache au mouvement en vertu duquel l’Université tend à restreindre de plus en plus la part de l’abstraction. L’abstraction, on s’efforce de la réduire à la portion congrue, même dans son domaine propre. Qu’on se rappelle l’article que M. J. Tannery écrivit ici même sur l’Enseignement de la Géométrie : « C’est, disait-il, sur les choses qu’ils [les débutants] auront à raisonner ; il faut les habituer à regarder les choses… Loin de leur apprendre à se défier de l’intuition, il faut développer cette intuition, leur montrer qu’ils la possèdent, leur donner peu à peu confiance en eux-mêmes. Îl faut, avant tout, les intéresser : l’ennui, la dépression qui en résulte, voilà le véritable ennemi. » On ne peut songer sans surprise que l’enseignement qui, par sa nature, comporte le moins l’abstraction, où l’intuition est le mieux à sa place, ait été le dernier à marcher dans le sens de la pédagogie moderne. Mais enfin cette évolution est accomplie et, désormais, l’enseignement du dessin a la même orientation que les autres disciplines et est remis en harmonie avec les directions pédagogiques du système général des études universitaires. Il n’est pas douteux que ce soit là un principe de force. C’est ce que M. Belot a fait ressortir dans le Rapport sur la réforme qu’il a présenté au Conseil supérieur. Pour terminer cet article, nous ne saurions mieux faire que de citer les lignes qui servent de conclusion à ce remar-