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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1909.djvu/531

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L’ÉDUCATION LES FILLES AU xviie siècle

Toute cette mélancolie que Mlle de Scudéry avait lue dans son regard, qu’est-ce sinon la tristesse de la nature qui a manqué son but, de la nature qui veut que toute femme soit mère ? Et cette souffrance nous adoucit singulièrement pour elle.

À défaut de la vie du corps, elle s’efforcera de mettre dans les filles de Saint-Cyr, afin de les faire siennes, des âmes telles que son hérédité, sa première éducation et sa propre expérience les lui faisaient souhaiter.

Il ne lui fut pas accordé de réaliser ce qu’elle avait rêvé. Mais dans l’aperçu que je vous ai donné de son projet, il est aisé de reconnaître — en une sorte de préfiguration et malgré des différences qui viennent de celles des temps — un crayon assez fidèle de ce que devait être, un jour, notre tout jeune et déjà si vivant Enseignement secondaire des jeunes filles.

Et c’est ainsi que, par un curieux paradoxe, à celle à qui le Grand Roi n’avait pu donner même des filles adoptives entièrement selon son cœur, la troisième République devait, deux siècles plus tard, assurer une lointaine, mais magnifique postérité.