ou passées, dans sa collection. Que tous les maîtres n’aient pas une notion très nette de cette science grammaticale dépouillée de tout parti pris, et qu’ils ne sachent pas au juste tout ce qui sépare M. Ferdinand Brunot d’un Vaugelas ou d’un Dumarsais, la chose va de soi. Les instituteurs ne sont probablement guère au fait des travaux des philosophes et des linguistes. Mais on sait par quelle propagation de proche en proche, en ondes étendues, un mouvement d’idées descend et se vulgarise : le discrédit scientifique de la grammaire normative a fini par pénétrer jusqu’à l’humble école primaire.
En même temps l’enseignement des langues vivantes, influencé d’abord par celui du français, réagissait sur lui. La méthode traditionnellement suivie par les professeurs d’anglais, d’allemand et d’italien, depuis que ces langues s’étaient fait une place dans les programmes universitaires, était calquée sur celle des maîtres de latin et de grec : versions, thèmes, traductions, commandés, réglés par l’étude préalable de la grammaire. On finit par s’apercevoir que le résultat pratique était médiocre, qu’on avait simplement imposé à l’esprit un assouplissement auquel les langues mortes étaient mieux appropriées et pourraient suffire, et qu’un lycéen était, au terme de ses études, incapable de comprendre un Allemand ou de s’en faire comprendre, si excellemment qu’il lit une version allemande. Insuffisance d’usage, de conversation, en regard d’une surabondance de règles et de devoirs écrits ; et surtout, dirent les plus pénétrants, défaut d’une voie indirecte, détournée, par laquelle on n’arrive qu’à substituer le vocable français au vocable étranger, sans jamais associer directement celui-ci à l’idée. Ainsi naquit, puis s’imposa, l’exemple de l’Amérique aidant, la méthode