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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1882.djvu/442

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REVUE PÉDAGOGIQUE

En écrivant la page étudiée, prose ou vers, développement oratoire ou fable, l’auteur a eu une intention : laquelle ? Il a voulu établir une vérité ou éveiller un sentiment. Quelle vérité ou quel sentiment ? Ce but qu’il s’est proposé, l’a-t-il atteint ? par quels moyens ? que valent ces moyens ? L’expression a-t-elle toujours bien servi l’idée ? est-elle restée en deçà ? n’est-elle pas allée parfois au delà ? Dirions-nous de même aujourd’hui ? car la langue a ses variations. Si quelque tour, quelque terme, ou pour sa force, ou pour sa grâce, ou pour sa finesse, mérite d’être remarqué, montrez que vous en comprenez, que vous en sentez toute la valeur ; mais n’admirez pas à contre-temps. Chaque écrivain a sa manière à lui de poser et d’exprimer sa pensée, ce qu’on appelle son style, des formes et des procédés qu’il affectionne particulièrement : les connaissiez-vous et ici les reconnaissez-vous ? Enfin, cette page mérite-t-elle d’être recommandée à limitation des élèves ? S’il y a des restrictions, quelles sont-elles ? Ces questions peuvent être soulevées et bien d’autres ; car en une telle matière, on ne saurait prétendre enfermer les esprits dans un cadre trop rigoureusement tracé ; il convient de leur laisser une certaine liberté. Là même est l’intérêt de cette épreuve, Mieux que toute autre, elle permet de saisir la nature propre d’un candidat, ce qu’elle a de ressources et de ressort, ce qu’à son fonds il a ajouté par l’étude. À coup sûr, elle nous a permis de nous rendre compte de ce qui manquait au très grand nombre, du défaut capital de leur préparation.

Pour le très grand nombre, en effet, préparer cet examen, c'est avant tout apprendre et se souvenir, emprunter à autrui et emmagasiner.

Cette préoccupation se trahit sans cesse, Des candidats malheureux qu’il m’a été donné de voir, lorsque nous parlions ensemble de la partie littéraire de leurs épreuves, les uns me demandaient quels livres ils devaient prendre et suivre, comme s’il s’agissait d’une doctrine particulière que l’on trouvât toute faite dans un livre particulier et qu’il n’y eût qu’à l’y puiser. Les autres me disaient : « J’ai devant moi deux mois de vacances ; je vais les passer à travailler, je ferai un effort énergique et je serai prêt pour la session d’octobre », — comme si deux mois même d’énergiques efforts suffisaient à donner ce que nous demandons,