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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1882.djvu/45

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LES ANCIENS LIVRES SCOLAIRES



C’est une question fort controversée que celle du nombre, de l’organisation, de la valeur pédagogique des anciennes écoles.

Les documents officiels manquent ou sont fort rares ; les programmes le sont encore plus.

N’est-il pas vrai qu’à défaut du reste, si l’on possédait une quantité suffisante des livres, des méthodes, du matériel scolaire qui était en usage dans ces écoles, on pourrait en tirer d’intéressantes conclusions sur l’esprit, sur la direction, sur les limites de l’enseignement que les enfants y pouvaient recevoir, et au moins jusqu’à un certain point faire revivre, dans leur vérité et leur réalité indiscutables, ces institutions disparues ?

Voici, par exemple, une lettre qui a été transmise au Musée pédagogique par M. le ministre de l’instruction publique. Elle émane d’un honorable notaire des Basses-Alpes, et elle accompagnait l’envoi de deux exemplaires d’un livre d’école, autrefois, paraît-il, fort répandu dans la contrée, et que l’on appelle le Livre de l’Oiseau.

Barcelonnette, 18 janvier 1880.


Monsieur le Ministre,

Veuillez bien excuser la liberté grande que je prends de vous offrir deux pièces que l’on pourrait appeler archéologiques, quoiqu’elles ne soient pas bien anciennes.

Depuis une dizaine d’années que je suis notaire, il m’est arrivé souvent que, faisant signer des personnes d’un certain âge, elles s’excusaient de signer si péniblement et si mal, en me disant : « Ah ! que voulez-vous ! je n’ai appris qu’au Livre de l’Oiseau. »

Je m’étais fait expliquer cette réponse, et toutes me disaient que, de leur temps, le seul livre qu’on eût dans les écoles primaires était le Livre de l’Oiseau. Jusqu’en 1835 ou 1840, il en était encore ainsi dans l’arrondissement de Barcelonnette.

Malgré mes recherches, je n’avais pu découvrir ce rara avis, lorsque, ces jours-ci, j’eus la bonne fortune d’en trouver deux exemplaires. L’un porte la date de 1815 ; l’autre, plus récent, à en juger par les caractères, ne porte pas de date.

J’ai pensé qu’au milieu des nobles efforts que vous faites pour développer, affranchir, laïciser l’instruction en France, il vous serait