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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1882.djvu/465

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LA PRESSE ET LES LIVRES

instructive pour pouvoir se suffire à lui-même dans la continuation de ses études, et pour commencer à servir utilement la société qui a pris soin de son enfance, en lui consacrant l’emploi de sa force, de ses talents et de ses vertus. »


L’enseignement secondaire des jeunes filles, revue mensuelle publiée sous la direction de M. Camille Sée ; Paris, Léopold Cerf ; 1re année, nos 1 à 3. — Nous trouvons dans ce nouveau journal pédagogique (p. 137) un remarquable article de M. Charles Bigot sous ce titre : le but de l’instruction. Cet article a été inspiré par l’étude que M. Félix Pécaut a publiée ici même, il y a trois mois, sur l’usage et l’abus de la pédagogie (Revue pédagogique, No d’août 1882) Nous en extrayons quelques passages :

« Nous avons toujours été, nous autres Français, dit M. Ch. Bigot, un peuple de pédagogues, depuis Rabelais jusqu’aux modernes, en passant par les solitaires de Port-Royal, le bon Rollin et Rousseau ; et si je devais citer le plus beau traité de pédagogie qui soit, je nommerais volontiers le Discours de la méthode. Il n’est pas moins vrai, que depuis un siècle, cet instinct français semblait avoir faibli. L’enseignement à tous ses degrés s’attardait volontiers en des méthodes surannées. Après avoir donné le bon exemple, nous avons laissé d’autres peuples nous devancer… Dès le lendemain de la guerre de 1870, tous les regards se sont tournés du côté de l’instruction publique : on a bien senti qu’elle seule pouvait relever la France humiliée… On s’enquérait de ce qui avait été fait au dehors, chez nos vainqueurs surtout ; on étudiait les méthodes employées ici ou là ; avec une modestie trop naturelle on allait à limitation. Tout en imitant, on songeait à faire, s’il se pouvait, mieux que personne, à perfectionner les méthodes de nos voisins, à les accommoder au tempérament français, à en découvrir de meilleures encore. Voilà pourquoi, depuis dix ans, « la France pédagouise », et certes il n’est pas à souhaiter qu’elle cesse jamais plus de pédagogiser.

» Mais l’abus en toutes choses est près de l’usage, et cela c’est vrai en France surtout, en ce pays nerveux, prompt à tous les engouements, où toutes les réactions dépassent aisément le but. Ce qui a frappé le plus vivement M. Pécaut, bien placé pour observer, ce sont les exagérations possibles de la pédagogie, c’est le péril qu’il y aurait à attribuer comme une vertu magique à telle ou telle méthode d’enseignement. Ah ! non certes, aucune méthode ne possède en soi ni jamais ne possédera une telle vertu ! Il est sans doute des façons d’enseigner plus raisonnables que d’autres, et celles-là doivent sans cesse être recherchées et préférées. Mais ce serait une illusion étrange de croire que le salut est là, et là seulement : tel maître, s’il est bon maître, obtiendra d’excellents résultats avec une méthode même imparfaite : tel autre, s’il est mauvais maître, avec la méthode la plus excellente, n’obtiendra que de pauvres résultats.