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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1882.djvu/554

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REVUE PÉDAGOGIQUE

enseignement de résultats et de conclusions, qui mette avec exactitude les sentiments, les idées, les inventions, les découvertes, les grands gains de la civilisation humaine en pleine lumière. Les maîtres capables de fournir de telles leçons seront difficiles à former sans doute. Ceux-là seuls savent enseigner exactement ce qu’il faut et dans la mesure où il le faut, qui possèdent de grandes ressources de savoir ct de méthode. L’école normale de Sèvres y pourvoira[1]. Nos élèves savent dès aujourd’hui que tous les sacrifices d’érudition et de haute théorie qu’elles s’imposeront dans leur enseignement selon cet esprit sont de purs profits.

Pour arrêter le cadre même des programmes appliqués à la loi de 1880, il a fallu s’imposer tant d’autres retranchemnents ! Des maîtres autorisés auraient souhaité d’y introduire l’étude des langues anciennes[2]. Quels idiomes mieux faits pour exercer l’esprit à l’analyse des formes du langage, plus propres à le nourrir par l’excellence morale des idées qu’ils ont servi à exprimer ! C’était, en outre, semblait-il, un moyen de plus de rapprocher la femme du mari, la mère de l’enfant. On a dû résister à ces entraînements généreux. On a compris que les secrets de ces langues exquises et fortes n’étaient pas de ceux qui se laissent ravir en quelques heures d’application surmenée, et que, à supposer qu’en cela l’aide de la mère pût vraiment être utile à l’enfant, les exercices de déclinaison et de conjugaison qu’elle balbutierait avec lui ne vaudraient pas le temps qu’elle aurait employé à les apprendre. On a considéré, en outre, que l’étude

  1. Voir dans le Bulletin administratif du 18 février 1882 (no 480, p. 475) le discours de M. E. Legouvé, inspecteur général, directeur des études.
  2. Voir les discussions du groupe de l’enseignement des jeunes filles dans les procès-verbaux de la Société pour l’étude des questions d’enseignement secondaire et le substantiel Rapport de {M. Maurice Vernes sur les Programmes d’un lycée de jeunes filles. — Le programme du collège Sévigné n’admet les notions élémentaires de latin qu’à titre d’auxiliaires de l’étude du français (p. 14). C’est en ce sens et dans cette mesure que ces notions ont été inscrites dans la série des matières du cours facultatif de la 4e et de la 5e année des lycées et collèges (arrêté du 14 janvier 1882).

    On sait que la création et l’organisation du collège Sévigné sont dues, pour la plus grande part, à l’initiative et à la direction de l’éminent philologue, M. Michel Bréal, qui, depuis dix ans, consacre aux intérêts de l’éducation nationale tous les loisirs que lui laisse la science.