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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1883.djvu/239

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LE LATIN
DANS L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE


La question de l’enseignement du latin à l’école normale primaire a été récemment traitée dans deux publications spécialement consacrées aux choses de l’éducation et de la science pédagogique.

Le Dictionnaire de pédagogie et d’instruction primaire, à l’article Latin (126e livraison), exprime l’opinion que la connaissance de la langue latine serait éminemment utile aux instituteurs, sans toutefois leur être indispensable. Voici en quels termes il résume cette thèse :

La connaissance de la langue latine est d’un grand secours à ceux qui veulent étudier d’une manière quelque peu approfondie la langue française. C’est là une vérité dont il n’est pas nécessaire d’entreprendre la démonstration, car nous ne croyons pas que personne la conteste. L’instituteur primaire qui posséderait quelques notions, même élémentaires, de grammaire latine, et qui se serait familiarise avec la partie la plus usuelle du vocabulaire latin, y trouverait, pour son enseignement, des facilités et des clartés extrêmement précieuses. Nous pensons, en conséquence, qu’on ne saurait trop recommander aux élèves de nos écoles normales de ne pas négliger les occasions qui pourraient s’offrir à eux d’apprendre une langue si éminemment utile.

Est-ce à dire cependant que la connaissance du latin soit indispensable à ceux qui doivent enseigner le français, et que l’intelligence du mécanisme grammatical de notre langue et de ses étymologies exige absolument une étude préalable de la langue latine ? Non, heureusement. Il est possible de suppléer dans une certaine mesure à la connaissance directe du latin par celle du français lui-même, étudié par la méthode historique dans ses origines et dans ses transformations successives. Qu’est-ce, en effet, que la langue française, sinon un latin resté vivant, un latin qui, se modifiant de siècle en siècle par l’usage et obéissant aux lois qui régissent le développement de tout idiome, est devenu successivement la langue de la Chanson de Roland, celle de Joinville et de Commines, celle de Marot et de Montaigne, et enfin celle que nous parlons aujourd’hui.

Il n’y a donc pas contradiction à dire, d’une part, que la connaissance du latin classique est très utile, très profitable pour l’étude