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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1883.djvu/360

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REVUE PÉDAGOGIQUE

que je la verrais avec inquiétude détournée de sa véritable destination.

Que doit-elle être, sinon le type de la plupart des écoles du département ? Or il serait bien à craindre qu’elle ne remplit plus cette condition le jour où on lui superposerait un cours de préparation à l’école normale.

À cette division spéciale, il faudrait un enseignement supérieur qui ne pourrait être donné que par les professeurs de l’école et les meilleurs élèves de troisième année. Je verrais avec plaisir les maîtres de l’école normale aller faire des leçons modèles à l’école annexe : mais dans ce cas-là les leçons du cours préparatoire ressembleraient à celles de la première année et n’auraient pas cette forme de l’entretien ou de l’exposé familier que réclame l’enseignement élémentaire.

À mon avis, ces objections sont sérieuses, et si, d’un autre côté, je considère les avantages de la préparation particulière, je me demande si celle-ci n’est pas encore préférable.

Il faut attacher assurément une grande importance à la somme de connaissances qu’apportent les candidats ; mais ne faut-il pas tenir compte de cette action directe qu’un bon exerce sur l’esprit de son élève ?

L’instituteur assiste à l’éclosion et à l’épanouissement de la vocation du jeune homme. Celui-ci connaît à l’avance les joies et les tristesses de cette vie de sacrifice continuel qu’il va embrasser. Souvent l’aide, le collaborateur de l’instituteur, il a acquis les premiers rudiments de la science pédagogique qu’il vient étudier à l’école normale. Ses études ont manqué de cette suite qui résulte des cours spéciaux ; mais, livré fréquemment à lui-même, habitué à réfléchir et à demander l’explication de ce qu’il ne comprend pas, il est exercé à l’effort personnel.

Quoi que l’on dise, cette préparation longue, patiente, laborieuse, laisse une empreinte ineffaçable sur l’esprit et le cœur du jeune homme.

Si, au lieu de constater ce que sont les jeunes gens avant leur admission à l’école normale, nous examinions ce qu’ils sont à la fin de la première année, nous conclurions peut-être que la plus grande plaie des écoles normales ne consiste pas dans la faiblesse des élèves qui entrent en première année.

Les épreuves du brevet élémentaire tiennent lieu d’examen de passage à la fin de la première année ; néanmoins, en présence de la différence du programme du brevet et de celui de la première année, nous faisons subir les épreuves de fin d’année sur toutes les matières étudiées. D’après les notes obtenues, nous remarquons généralement que Si les deux tiers environ des élèves de première année nous donnent des espérances, le peu de progrès, des autres nous fait craindre qu’ils ne parcourent tout le programme d’une