vernantes. D’autre part, les conditions modernes de l’industrie, où la division du travail est poussée à l’extrême, pourraient immobiliser chez le jeune ouvrier des facultés précieuses s’il n’avait pas l’occasion de faire au préalable un essai plus général de ses forces et en quelque sorte l’éducation de ses yeux et de ses bras. Il faut considérer à ce titre comme un événement la création de l’Ecole normale de travail manuel de la rue Louis Thuillier, où des instituteurs et des professeurs d’école normale s’exercent à travailler le bois et le fer.
Nous avons dit que l’école primaire avait su éviter toute sorte de pièges et de périls qui étaient placés sur sa route. L’un des moindres dangers n’était certes pas la nouvelle loi de l’enseignement obligatoire. La modération de cette loi et la manière dont est entendue l’enquête à laquelle peut donner lieu l’instruction de l’enfant ont déconcerté les adversaires et prévenu bien des récriminations. Si des froissements se sont produits sur d’autres points, c’est presque toujours aux autorités municipales qu’en doit remonter la responsabilité. Nous payons la rançon d’un long et impardonnable retard : c’est dans un temps où la France était moins divisée qu’aujourd’hui, où les partis étaient moins extrêmes, et où une autorité reconnue de tous présidait à nos destinées, que l’enseignement obligatoire eût dû-être voté et mis en pratique. Ce qui était facile alors ne va pas aujourd’hui sans tiraillements et sans lutte. Les lois de l’histoire ne sont guère moins rigoureuses que celles de la nature et ne font pas racheter moins cher les fautes et les omissions.
On en peut dire à peu près autant d’une autre pierre d’achoppement : l’instruction morale et civique. Dans tous les pays du monde où l’école est digne de ce nom, elle enseigne aux enfants leurs devoirs envers l’État et envers la patrie. Mais ce sont là de ces leçons faciles à donner aussi longtemps que la nation est unie, épineuses quand elle est armée contre elle-même ; il en est des leçons d’instruction civique comme de ces devoirs d’obéissance et de respect envers les parents qui paraissent la chose du monde la plus simple aussi longtemps que la famille est unie, et qui deviennent manière à contestation et à procès dans les maisons où règne la discorde. Déjà