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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1884.djvu/171

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ment. Or, certes, il vaut mieux, un million de fois mieux, qu’elle soit brule, ignorante, que mal instruite, je veux dire mal élevée.

« Je plaindrai ceux qui ne penseront pas comme moi, et, en fait de socialisme, puisqu’il en faut nécessairement un, ou l’un ou l’autre, j’aime mieux le socialisme d’État qui règle tout, sous la protection de l’opinion publique, que le socialisme des caprices irréguliers qui ne conduit qu’aux anarchies. Comme le dit un de nos proverbes : Il vaut mieux être chien et vivre en paix que d’être homme et vivre dans l’anarchie. »

Peut-être sommes-nous plus chinois que ne le suppose le colonel Tcheng-Ki-Tong.


Les frères des écoles chrétiennes à l’exposition pédagogique de Londres, par M. C. F. Audley (le Correspondant, no du 10 juillet), — Dans cet article, M. Audley attribue à l’Exposition d’hygiène et d’éducation de Londres, dont nous avons plusieurs fois parlé à nos lecteurs, une origine que nous ne lui connaissons pas, et au sujet de laquelle nous lui laissons, d’ailleurs, toute responsabilité. « Depuis que le gouvernement français, dit M. Audley, s’est lancé dans une voie de persécution à la fois hypocrite et maladroite contre les congrégations enseignantes ; depuis surtout qu’il prêche l’athéisme et représente la religion comme un foyer de superstition et d’abêtissement, la masse de la nation anglaise s’est émue et a suivi avec une attention croissante, trop souvent indignée, les progrès de notre système actuel. Les têtes les plus hautes de l’aristocratie britannique s’en sont préoccupées, tandis que, dans les profondeurs des classes infimes, des prédicateurs influents sur les masses populaires les ont agitées en montrant la France comme une nation sans Dieu. Cette émotion générale a bientôt pris un corps, et des hommes éminents, appartenant à tous les rangs de la société, conçurent le projet d’ouvrir à Londres, cette année même, une exposition scolaire et internationale dont la pensée mère serait celle-ci : « Montrer, par les faits, que la croyance religieuse, loin de nuire aux progrès de l’art, de la science, de l’industrie ou de l’enseignement à tous les degrés est, au contraire, un mobile puissant, pour les élèves aux plus sublimes hauteurs. » Tout le secret de l’exposition scolaire de 1884 est dans ces paroles. »

Nous ne nous en étions pas doutés, et il est probable que le gouvernement de la République française, en acceptant de participer à l’exposition, ne s’en est pas douté non plus. Il a même poussé l’aveuglement jusqu’à être excessivement poli à l’égard de ceux-là mêmes qui étaient justement désignés pour lui donner une bonne leçon. « À la vue de l’exposition des frères, dit M. Audley, le directeur de la section française leur proposa de la fusionner avec celle de l’administration. La proposition était flatteuse assurément, et peut-être eût-elle été agréée avec empressement, si elle n’avait pas