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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1884.djvu/529

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LE BREVET ÉLÉMENTAIRE

pour rétablir l’équilibre peut-être rompu en ce moment par l’abus des diplômes, ou plutôt par l’excès de confiance qu’on y attache. Elle remettra en honneur tout un ordre de garanties que le brevet ne comporte pas. Elle permettra de tenir compte officiellement, sans soupçon possible de caprice et d’arbitraire, avec une équité précise, sûre et délicate, non seulement des connaissances acquises, mais de l’usage que le candidat en sait faire, de ses dons naturels d’éducateur, de son expérience, de sa tenue, de ce je ne sais quoi qui ne se détache pas de la personne même. C’est enfin cet examen tout pédagogique qui nous fera mieux sentir combien le brevet à lui seul est nécessairement insuffisant, combien il y a loin d’un breveté à un instituteur, et tout ce qu’il faut ajouter de son âme au mince bagage d’un diplôme pour mériter d’élever des enfants.


À TRAVERS NOS ÉCOLES
(NOTES D’UN INSPECTEUR)




J’entre dans un cours complémentaire. On étudie les figures ; l’élève interrogé donne la définition de l’ironie ; je demande un exemple. « Quinaut est un Virgile », m’est-il répondu. Qu’est-ce que Virgile ? On me dit sottise sur sottise. Qu’est-ce que Quinaut ? On ne me dit rien du tout.

Les figures, les qualités du style, c’est le fond de la littérature d’un grand nombre de nos cours complémentaires et de nos écoles primaires supérieures. Les pauvres enfants, s’ils se croyaient le droit d’avoir un avis ou s’ils osaient l’émettre, diraient : « La littérature, ce n’est guère amusant ». Laissez donc là ces catégories savantes, figures de grammaire, figures de pensée, figures de mots, toutes ces définitions et toutes ces distinctions, cette rhétorique et cette scholastisque. Les traités où vous puisez cette science me font penser à ces herbiers où l’on trouve les plantes doctement rangées et étiquetées, avec de grands noms grecs et latins, mais desséchées, flétries, aplaties, tordues, fauchées, mortes. Que je les aime bien mieux là où elles sont