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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1884.djvu/81

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LA PRESSE ET LES LIVRES

enseignement dans toutes les écoles primaires d’un département, si depuis plus de trois ans l’enseignement agricole est organisé dans l’école normale. »

Nous approchons donc du terme, dit M. de Parieu en terminant cette première partie de son article ; et il entrevoit ce terme d’autant plus volontiers qu’il espère « que le développement, par l’obligation, de l’enseignement agricole dans les écoles rurales exercera une heureuse influence sur l’avenir si compromis de l’agriculture, et sera un moyen puissant d’entraver cette désertion des campagnes, cet abandon de la profession de cultivateur, cette émigration constante vers les grands centres, qui sont peut-être la cause principale du renchérissement de la main-d’œuvre, » et entrent pour une grande part dans les souffrances actuelles des populations agricoles.

Le rôle économique de la femme, le socialisme l’État et les doctrines sentimentales, par M. Arthur Mangin. (L’Économiste français, n° du 28 juin). — Nous ne prendrons de cet article qu’un seul point, qui nous concerne spécialement. La doctrine de M. Arthur Mangin, si nous la comprenons bien, est celle-ci : la valeur économique de la femme est, de par la nature, infiniment moindre que celle de l’homme ; un pourrait même dire que la femme n’a pas ou ne devrait pas avoir, industriellement parlant, de valeur économique ; sa véritable place, sa seule place est au foyer de famille. Et il part de là pour conclure que c’est en vertu d’une fausse sentimentalité qu’on cherche à ouvrir plus larges pour elle les voies de l’activité industrielle ; il faudrait au contraire les lui fermer, les lui fermer toutes sans exception ; quelques-uns réclament pour elle, au moins sur certains points, un salaire égal à celui de l’homme : il faudrait que tout salaire lui fût interdit. Nous laissons parler M. Mangin.

« Déjà, dit-il, les ménages ne sont pas très rares, dans la classe ouvrière et même dans une classe plus relevée, où l’homme trouve commode de ne rien faire et de vivre tant bien que mal du travail de sa femme et de ses enfants. Ce sera bien pis le jour où, sous prétexte d’une égalité naturelle qui n’existe pas, on mettra le salaire des femmes au même taux que celui de l’homme ! C’est aussi sous prétexte de cette même égalité, c’est pour assurer l’indépendance des femmes que l’on se fait un devoir de leur ouvrir, aussi largement que possible, une foule de carrières lucratives. L’État, pour son compte, leur en offre un grand nombre : les postes et télégraphes, l’enseignement primaire et secondaire, — en attendant l’enseignement supérieur, — et d’autres carrières encore où les femmes et les jeunes filles bien protégées — ah ! dame, il faut des protections ! — trouvent à se faire une situation aisée ; elles apprennent ainsi à se passer de mari, à se débarrasser des soucis du ménage et des chagrins de la famille.