nous-mêmes. Elle entretient en nous « ce mouvement intérieur » sans lequel « tout se dessèche et dépérit » (Mme Necker).
Lire, c’est se nourrir des pensées des autres ; trop de lecture nous affaiblit et nous fait perdre jusqu’à la faculté de réagir contre les impressions qui nous viennent du dehors. Le régime exclusif de la composition ne suffirait pas davantage au développement de l’esprit. Il faut les balancer l’un par l’autre, — lire pour amasser des idées, et surtout pour nous ouvrir de nouveaux horizons, — composer, pour ne pas perdre la précieuse faculté de réagir contre les idées d’un auteur et de les juger par comparaison avec les nôtres.
À QUI SONT LES NIDS ?
— « Dans les rochers ou dans les branches,
N’allez pas, mes petits amis,
Ni dans les aubépines blanches,
N’allez pas dénicher les nids. »
Ainsi parle, un jour, à l’école,
Le maître, et Jacques dit : « Pourquoi ? »
Pierre demande la parole :
— « C’est qu’un nid, ça n’est pas à moi ! »
— « Les oiseaux, c’est à tout le monde ! »
— « Non ! » dit Pierre, un blond à l’œil bleu.
— « À qui donc ? que Pierre réponde ! »
— « Monsieur, les nids, c’est au bon Dieu : »
Et toute l’école de rire ;
Mais toute l’école avait tort…
L’enfant, que l’innocence inspire,
Dit parfois un mot juste et fort.
Oui, les nids sont à la nature ;
Ils ne sont pas à qui les prend ;
C’est un méchant qui les torture ;
Qui les gâte est un ignorant.