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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1886.djvu/491

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UNE CONFÉRENCE SCOLAIRE DE M. P. BERT

À l’école normale. — La méthode déductive convient pour l’enseignement savant et systématique de l’école normale. Des vues d’ensemble, des lois, des caractères généraux, on descend graduellement au détail. Avant d’entreprendre l’étude d’un groupe de faits particuliers, il faut présenter à l’esprit l’idée générale qui éclaire ces faits, les montre dans leur véritable jour, et leur donne leur vrai sens. C’est ainsi qu’en zoologie, on va de l’embranchement aux classes et aux familles, — et qu’en physiologie, on commence l’étude d’un appareil, d’un système par l’étude de l’élément fondamental de l’appareil ou du système. S’agit-il du système nerveux ? on parle d’abord aux élèves de la cellule nerveuse type ; on en fait ressortir la constitution propre, la fonction caractéristique et essentielle ; on ne vient qu’après aux formes diverses que prend cette cellule, et à la description concrète, pour ainsi dire, des différentes parties du système. Un autre jour, vous parlerez de l’oreille : commencez par dire à vos élèves qu’elle est destinée à transmettre au nerf acoustique les vibrations de l’air extérieur, et montrez ensuite comment chacune des parties concourt à remplir ce rôle général. Vous pourrez le plus souvent appliquer cette méthode, qui se résume à définir d’abord la fin d’un appareil organique, et à expliquer par cette fin tous les détails de la structure et de la disposition des organes.

À l’école primaire. — Il va de soi qu’à l’école primaire on ne peut partir de l’idée générale, abstraite, que les faits particuliers vérifient. Il faut, au contraire, s’appuyer sur des faits que l’enfant peut observer et comparer, pour le conduire par degrés, à l’aide de généralisations de plus en plus étendues, au principe, à la loi. Le maître qui emploiera la méthode inductive ne courra pas le risque de donner un enseignement abstrait, sec, trop technique, mais il pourrait tomber dans un autre excès, qui consiste à remplir la leçon de détails puérils, à entretenir les enfants de choses qu’ils savent déjà ou qu’ils apprendront sans peine tout seuls. Il faut que l’enseignement des sciences, à l’écale primaire, soit solide et sérieux autant que simple.

Prenons un exemple, et voyons comment on peut appliquer la méthode inductive dans une leçon sur le chat, pris comme type de carnivore. Mettez le chat entre les mains des enfants, et faites-leur observer la disposition singulière des ongles rétrac-