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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1889.djvu/438

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REVUE PÉDAGOGIQUE

À côté des noms de Lulli et de Rameau, nous trouvons ceux de Gounod, de Reyer, de Bizet, en passant par Gluck, Rousseau, Grétry et F. David. Le Choral de Luther y coudoie l’Hymne à l’Être suprême, de Gossec, et Le ciel a visité la terre, de Gounod. Pauvre Jacques et Ma Normandie, de Bérat, suivent ou précèdent les extraits de Carmen et de Faust.

Les volumes du troisième degré, conçus dans le même esprit, renferment des morceaux plus importants et plus développés. Lulli y est représenté par l’air d’Armide, par ceux d’Amadis et de Persée ; Rameau par Castor et Pollux, les Indes, Hippolyte et Aricie. En feuilletant au hasard, nous trouvons Zémire et Azor, de Grétry, Armide, de Gluck, les Troyens, de Berlioz, le Soir, de Gounod, Rédemption, de Reyer, les plus beaux fragments de Saint-Saëns, Bizet, Haydn, B. Godard, Paesiello, Duni, Monsigny, Philidor, etc.

En outre des services pédagogiques que peuvent rendre ces recueils de morceaux choisis, c’est donc, entre les mains des maîtres, un véritable abrégé de bibliothèque musicale, qui leur permettra d’apprécier, dans les plus belles manifestations de leur génie, des compositeurs dont le nom célèbre leur est connu, sans qu’ils aient jamais pu entendre ni lire aucune de leurs œuvres.

Je ne saurais mieux faire en terminant que de reproduire l’intéressante note placée par l’éminent professeur d’histoire de la musique au Conservatoire en tête de sa publication :

« Il est dans les œuvres de l’école française, et notamment dans celles des fondateurs de l’Opéra et de l’Opéra-Comique français, des pages d’une valeur incomparable, qui constituent une part de notre patrimoine national au même titre que les chefs-d’œuvre de notre littérature classique.

» Faute d’un théâtre qui maintienne au répertoire les « classiques » de la musique, ces œuvres restent inconnues à la presque totalité des Français.

» Et pourtant les Rameau, les Gluck[1], les Grétry, ne le cèdent en rien, dans le domaine de leur art, aux Corneille, aux Racine, et aux Molière.

» Si l’influence féconde de leurs ouvrages ne s’exerce malheureusement plus par le théâtre, c’est un devoir d’autant plus grand de les propager au moyen des bibliothèques : car ils sont une des émanations les plus pures de notre vrai génie national.

» Par leur cachet de grandeur, de beauté sereine et robuste, ces immortelles inspirations semblent la musique « rêvée » pour réagir contre le mauvais goût.

» L’excellent recueil de Fr. Delsarte, les Archives du chant, qui renferme les plus belles pages de nos classiques, mériterait à tous

  1. Gluck est Allemand d’origine ; mais sa réforme dramatique s’est opérée sur notre sol, grâce à la collaboration de la tradition et de l’esprit français.