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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1890.djvu/204

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REVUE PÉDAGOGIQUE

Il interrogeait assidûment sur ce sujet les politiques et les administrateurs aussi bien que les maîtres primaires, examinant à loisir les écoles de tous degrés, laïques et congréganistes, écoutant les leçons, attentif à discerner sous le détail l’esprit même de l’enseignement, préoccupé entre autres choses de l’expérience si nouvelle et si hardie que nous inaugurions alors en fondant l’instruction morale laïque.

Tous ceux qui l’ont approché pendant ce dernier séjour à Paris garderont le souvenir de cette noble figure, si intelligente et si sereine.

Le fragment que nous reproduisons ci-après est emprunté à un rapport composé longtemps avant cette visite, en 1860, c’est-à-dire au cours du second Empire. Il est nécessaire de ne pas oublier cette date pour comprendre certains jugements et certaines allusions qui ne s’adaptent plus exactement à la situation scolaire présente, soit en Angleterre, soit en France.

Mais, si l’on ne s’arrête pas à quelques particularités où Mathew Arnold se montre imparfaitement informé, et si l’on considère que rien n’est plus difficile à un inspecteur, même au plus sagace et au plus impartial, que de bien découvrir en passant le fond des choses, on sera frappé de la hauteur de vues, de la profondeur d’observation, de la liberté de jugement qui le distinguent. Il faut un grand effort à un Anglais pour ne pas voir les choses du continent et en particulier celles de la France à travers ses habitudes nationales d’esprit. Nous ne dirons pas que M. Arnold ait réussi à dépouiller entièrement le préjugé britannique quand il nous a fait l’honneur de nous observer ; mais je doute qu’il se puisse rencontrer un témoin à la fois plus sympathique, plus pénétrant, plus docile à la vérité des faits.

On verra aussi quels avertissements, sévères sous une forme grave et modérée, l’auteur adresse, du point de vue de l’instruction populaire, à l’Allemagne et aux États-Unis, reprochant à ceux-ci la vulgarité outrecuidante, et à celle-là le pédantisme formaliste, deux vices, ou si l’on veut deux travers qui, en dérobant aux yeux l’image d’une haute perfection, empêchent les nations comme les individus d’approcher de la véritable grandeur.

L’avertissement est bon à recueillir, venant de la part d’un juge si intègre. Personne ne croira que notre démocratie soit