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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1891.djvu/252

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LA MORALE DANS L’ANCIEN JAPON



Si les fondements scientifiques de la morale ont fourni et fournissent encore matière aux disputes et aux systèmes, il n’en est heureusement pas de même des préceptes qui la composent. N’en déplaise à Pascal, les principes de la morale varient peu d’une époque à l’autre, et d’un pays à un autre. Toute société impose à ses membres certaines règles de conduite, sans lesquelles elle ne saurait subsister.

Prenons, de toutes les civilisations, celle qui paraît le plus complètement aux antipodes de la nôtre, ne lui ayant rien fourni et rien emprunté (jusqu’au milieu de ce siècle tout au moins), nous entendons la civilisation sinico-japonaise. Elle a produit de nombreux et de grands moralistes, dont un justement célèbre, même en Europe, Confucius. Ce qui nous surprend, soit dans les œuvres de ce grand homme, soit dans les innombrables traités ou opuscules qui se sont inspirés de lui, c’est l’absence de couleur locale. On s’attendrait à y trouver quelque chose de particulier, comme le reflet d’une civilisation jaune. Eh bien ! supprimez les noms barbares qui émaillent ces écrits et déroutent nos yeux ; changez-en la forme quelquefois originale, et vous croirez lire Sénèque ou Pline le Jeune.

Nous avons sous les yeux deux petits volumes japonais, manuels obscurs écrits à l’usage des enfants et des familles du peuple. C’est la morale à la portée des esprits simples et des humbles. Le fatras historique et littéraire, qui nous rend pénible la lecture des classiques chinois, a presque disparu. Les auteurs, deux maîtres d’école, ne visent pas — et pour cause — à l’originalité. Ils ont ramassé, dans le fonds banal, les idées les plus élémentaires, pour en composer leurs modestes compilations. Il nous a semblé qu’ils pouvaient nous initier, mieux que des ouvrages plus savants, à la vie morale des hommes de l’Extrême-Orient.

Le plus ancien, écrit en 1773, et imprimé à Kioto en 1779, a pour titre « Enseignement de la morale aux enfants ». Dans une courte préface, l’auteur nous apprend que, trois fois par mois, il commente verbalement les préceptes résumés dans son livre. Il