de sa rigueur, nous lisons toutefois dans le traité des Devoirs des maîtres et des serviteurs : « Le chef d’une famille doit tout faire pour suivre la profession de son père ; il n’en doit pas chercher d’autre. L’ancienne organisation du Japon était en parfaite conformité avec ce principe. Dans les arts notamment, le fils suivait la condition du père et souvent héritait de son talent. Ajoutons que le culte des ancêtres était alors et n’a pas cessé d’être encore très pratiqué. Dans chaque maison japonaise, palais ou cabane, on peut apercevoir sur une planchette, dans la chambre d’honneur, le petit temple qui leur est consacré : matin et soir, la ménagère leur offre, sur de mignonnes coupes de cuivre, les prémices du repas, sauf ensuite à les leur reprendre.
Dans les écoles, la parole des anciens et surtout celle des sages de la Chine n’a pas cessé de faire autorité.
Comment le peuple japonais peut-il allier à ces doctrines l’amour des innovations dont la génération actuelle donne tant de preuves ? L’explication nous entraînerait trop loin. Bornons-nous à constater la coexistence de ces deux tendances, en apparence inconciliables.
Un autre trait frappant de nos recueils, c’est la part considérable qu’ils font à ce que nous appellerions la « civilité puérile et honnête ». Chinois et Japonais sont, entre eux du moins, d’une politesse raffinée. Ils en apprennent de bonne heure les éléments. De coquets volumes illustrés enseignent, aux femmes surtout, l’attitude à prendre dans les circonstances usuelles de la vie. Des touristes ont donné à entendre que derrière cette politesse de forme il n’y a rien ; ce serait pures cérémonies et grimaces. Cette appréciation est injuste, et, pour nous en tenir à nos petits livres, ils gardent sur cette matière une mesure parfaite, et souvent leur politesse peut s’appeler la bonté. S’ils nous disent que « l’enfant impoli sera plus tard un méchant », ils conseillent, à deux lignes de là, en excellents termes, de ne pas railler les êtres difformes. « C’est une détestable habitude que prennent surtout les femmes. La raillerie irrite ces pauvres gens et les pousse à se venger. » Plus loin, ils recommandent la sobriété à table et la douceur dans les relations. À la femme surtout ils conseillent l’égalité d’humeur, la patience, les délicates attentions pour les hôtes de son mari. Ces conseils parfois ne manquent pas de finesse : « Que la femme