d’école principale entre 3,000 et 3,500 fr., et si l’on tient compte de la proportion suivant laquelle ces catégories de maîtres sont réparties entre les diverses écoles, on constatera que le traitement moyen d’un maître des écoles indigènes peut être évalué à 1,200 francs. Les 1,240 classes entraîneront ainsi, pour ce qui concerne le personnel seul, une dépense annuelle d’environ 1,488,000 francs.
La construction des locaux coûterait des sommes énormes, si elle devait se faire dans les conditions ordinaires. Il ne faudrait pas compter moins de 30,000 francs pour une école à deux classes, ce qui donnerait, pour les 620 écoles de deux classes en moyenne, un total de 18,600,000 francs.
Une pareille somme fera reculer les partisans les plus décidés de l’instruction des indigènes. Il faut absolument trouver le moyen de construire dans des conditions moins onéreuses. Je ne vois qu’un système possible : c’est celui qui est pratiqué dans l’extrême Sud par les officiers des bureaux arabes. Pour la main d’œuvre, ils emploient les ouvriers du génie ; pour les transports, ils imposent des corvées aux Arabes. De cette façon, des bâtiments qui coûteraient au moins 20,000 francs ne leur reviennent pas à plus de 6 ou 8,000 francs.
Il est nécessaire d’accorder aussi aux administrateurs des communes mixtes l’autorisation de faire faire, au moyen de corvées, les transports des matériaux destinés à la construction des écoles. En Kabylie, la chose paraîtra naturelle. Il est d’usage, en effet, que les habitants d’un même village prêtent gratuitement leur concours chaque fois qu’il s’agit d’amener des matériaux pour une construction d’intérêt commun, comme une djemâa, une fontaine, un moulin à huile.
Pour des travaux communaux en territoire civil, on ne peut guère songer à réclamer le concours des ouvriers du génie. Mais les administrateurs peuvent former, sur place, des ouvriers. Dans la commune mixte de Fort-National, par exemple, l’administrateur, M. Demonque, a commencé à organiser, comme école ambulante d’apprentissage, des équipes de jeunes maçons kabyles, sous la direction de maîtres ouvriers français. Elles seront sous peu prêtes à fonctionner. Deux écoles manuelles d’apprentissage pour le travail du bois et du fer seront aussi en état, dès l’année prochaine, de faire tous les travaux de charpente, de menuiserie et de serrurerie qu’exigera l’établissement des nouvelles écoles indigènes. Pourquoi cet exemple ne serait— il pas suivi dans les autres communes ?
Un des transports les plus onéreux est celui de la brique, qu’on est obligé, en Kabylie, de faire venir d’Alger ou des environs. Il conviendra d’examiner si la terre glaise qui est employée dans plusieurs tribus pour la confection des poteries kabyles ne pourrait pas servir à la fabrication des briques.
Grâce à ces moyens et à d’autres semblables, une école qui aurait coûté 30,000 francs ne reviendra pas à plus de 10,000. La dépense totale de construction des 620 écoles ne dépassera donc pas 6 ou 7