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L’ENSEIGNEMENT CHEZ LES INDIGÈNES MUSULMANS D’ALGÉRIE

La population européenne ou israélite (naturalisée) habite en masse le territoire civil et ne comprend que des groupes disséminés et peu nombreux sur le territoire militaire : là 217,652 Français, 41,263 israélites et 202,036 étrangers européens ; ici, seulement 1,376 Français, 1,332 israélites et 1,108 étrangers européens au total pas plus de 3,816 individus non musulmans. Comme conséquence de leur dispersion, ils ne peuvent jouir en territoire militaire de tous les droits politiques qu’ils pourraient exercer en territoire civil.

Les parties du territoire civil sont, comme en France, le département, l’arrondissement, la commune ; les parties du territoire militaire sont la division, la subdivision, le cercle ou l’annexe, la commune. C’est le terme de commune qui demande surtout à être expliqué. Il y a en Algérie quatre espèces de communes : la commune de plein exercice ou française, la commune mixte civile, la commune mixte militaire, la commune indigène. La première et la seconde ne peuvent se rencontrer qu’en territoire civil, la troisième et la quatrième qu’en territoire militaire ; mais n’oublions pas que celui-ci s’enchevêtre dans celui-là par quantité d’enclaves.

La commune de plein exercice, en négligeant certains détails, est analogue aux communes de la France métropolitaine. Elle a un conseil municipal élu par les citoyens et un maire élu par le conseil. Parfois, comme à Alger, la population européenne est en majorité ; le plus souvent elle est en minorité ; mais dans tous ces cas, elle a seule le monopole des droits politiques. Seule elle est appelée à élire la municipalité comme les représentants au parlement ; elle dispose donc seule des intérêts communaux, ceux des indigènes en même temps que les siens propres. La population musulmane, si nombreuse qu’elle soit, n’est représentée au sein du conseil que par un petit nombre de conseillers au titre indigène. Quand la population musulmane, avant d’être comprise dans une commune française, formait une tribu organisée, l’ancien chef de celle-ci, son caïd ou son président[1], entre au

  1. Le mot de président est plutôt usité dans la Grande-Kabylie ; celui de caïd dans le reste de l’Algérie.