» Le redoublement nous paraît préférable, mais y a-t-il lieu de compter comme faute entière l’autre façon d’écrire ? Nous ne le pensons pas.
» L’enfant qui écrit recommender ou renger, comme Montaigne, a tort sans doute, mais sa faute n’est pas aussi grave que s’il écrivait, par exemple, forait au lieu de forêt. S’il écrit existance par analogie avec subsistance, consistance, etc., sa faute est encore bien légère.
» Écrire raisonable est une petite faute, mais résonable est une faute grossière. Sans recourir jamais à l’étymologie latine ou grecque, lorsqu’on trouve dans la langue française un mot de la même famille que celui dont il s’agit et dont l’orthographe peut justifier la variante employée par l’élève, il ne faut pas, à notre avis, lui compter une faute entière. Il doit en être de même, lorsque c’est par analogie avec d’autres mots que l’élève a été induit à écrire d’une manière fautive.
» En ce qui concerne les examens du certificat d’études primaires, c’est aux inspecteurs primaires, présidents des commissions d’examen, qu’il appartient de faire comprendre aux examinateurs la portée véritable des instructions ministérielles et l’esprit dans lequel il convient de les appliquer. Ils ont à cet égard toute la compétence désirable, et il n’est pas à craindre qu’ils laissent la correction tomber dans un excès d’indulgence ou se maintenir trop rigoureuse.
» Plusieurs personnes avaient pensé que, sans modifier la manière de compter les fautes, il eût été plus simple d’établir pour cet examen qu’à l’avenir chaque faute, qui aujourd’hui enlève deux points, n’enlèvera plus qu’un point. La limite pour l’élimination aurait été ainsi reportée à dix fautes.
» Il est facile de voir que ce mode ne répondrait pas complètement aux vues du Conseil supérieur et du ministre, qui entendent diminuer non pas indistinctement l’importance de toutes les fautes, mais uniquement l’importance de celles qui sont en désaccord avec un usage peu justifié ou avec des règles compliquées ou controversées. Mais, après avoir compté les fautes pour leur valeur relative, c’est-à-dire, suivant leur nature, pour une unité, pour une demie, pour un quart, il nous paraît inévitable de donner cependant la note zéro à toute copie qui présenterait encore cinq fautes ou plus de cinq fautes, avec cette réserve toutefois qu’à moins d’être véritablement très mauvaise, l’épreuve d’orthographe ne fera pas éliminer un candidat qui, dans l’ensemble des autres compositions, aurait réuni le nombre total des points exigés pour l’ensemble des épreuves écrites.
» Quant à l’avenir de l’étude de la grammaire et de l’orthographe dans nos écoles, il n’est nullement en question.
» Nos instituteurs continueront à enseigner les règles aujourd’hui admises ; ils habitueront leurs élèves à écrire les mots dans la forme employée par nos écrivains. Mais ils n’auront plus à insister, comme ils croyaient devoir le faire, sur les cas difficiles, exceptionnels, qui arrêtent les enfants ; ils ne donneront plus à la dictée l’importance