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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1894.djvu/68

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REVUE PÉDAGOGIQUE

3° Les lacunes administratives qui empêcheraient cette exécution d’être parfaite et irréprochable.

Connaître le mal, c’est connaître en même temps le remède.

En parlant récemment à l’Académie de l’inspectorat médical des écoles dans les campagnes, M. Hervieux exprimait le regret, au point de vue des intérêts de l’hygiène, que le nombre des praticiens investis de ces utiles fonctions ne fût pas en rapport avec les nécessités d’une surveillance active dans toutes les écoles. Un grand nombre de ces établissements échappent à cette surveillance, faute d’inspecteurs médicaux qui les rappellent à l’observation rigoureuse des prescriptions réglementaires.

Il y aurait donc lieu de créer des inspecteurs médicaux dans les circonscriptions qui en sont dépourvues, et de leur imposer l’obligation, si elle n’existe pas déjà, de procéder chaque année à une constatation des enfants qui n’ont pas été vaccinés ou qui, ayant atteint l’âge de dix ans, ont besoin d’être revaccinés.

Ces inspecteurs devraient être armés des pouvoirs nécessaires pour exiger ces vaccinations et ces revaccinations, ou, moyennant un supplément de rétribution, pour les pratiquer eux-mêmes.

Ici se pose la question de la gratuité des inoculations vaccinales dans les campagnes, question qui, avec l’indifférence, et peut-être plus que l’indifférence, est un si grand obstacle à la propagation de la vaccine.

L’examen des dossiers susvisés témoigne des difficultés résultant de la non-gratuité des opérations vaccinales. On a vu par les citations faites que certains instituteurs avaient fait venir à leurs frais un médecin ou une sage-femme pour inoculer leurs élèves. D’autres fournissaient les lancettes et le vaccin qui leur avait été expédié de Genève ou de Montpellier. D’autres, par leurs démarches et leurs instances auprès du conseil municipal, réussissaient à faire inscrire au budget de la commune les frais des opérations vaccinales.

Deux genres de résistances rendent indispensable la gratuité des vaccinations dans les campagnes : la première et la mieux connue est celle des familles ; la seconde est celle des municipalités. Plusieurs des rapports transmis à l’Académie se plaignent assez vivement de cette dernière. Les mesures sanitaires, qui visent aussi directement l’intérêt des communes, devraient être supportées par elles. À quelque moyen qu’on ait recours pour vaincre les résistances dont nous parlons, la gratuité restera une des premières conditions du succès dans la lutte engagée contre le fléau variolique.