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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1895.djvu/416

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REVUE PÉDAGOGIQUE

elle et plus lourde est la tâche de vos collègues d’Algérie, qui se sont voués à la mission aussi noble que pénible d’instruire la jeunesse indigène. Avez-vous pensé à ce qu’il faut d’esprit de sacrifice et d’ab négation, de persévérance et d’opiniâtreté, pour vivre sur les confins du Sahara, sur les Hauts-Plateaux ou au pied du Djurjura, au milieu de tribus que l’instituteur est souvent des premiers à visiter, et – у vivant — pour conserver, malgré tout, dans l’œuvre à laquelle on est associé, cette foi robuste, cette confiance en l’avenir qui préserve de tout découragement ?

Et ici, messieurs, je ne sépare pas les jeunes maîtres arabes et kabyles que vous voyez devant vous de ces dévoués instituteurs, enfants de notre France métropolitaine, qui chaque année viennent à nous, nous apportant, avec leur jeunesse et leur robuste santé, l’expérience qu’ils ont déjà acquise, et mettant tout cela sans compter au service de la plus belle et de la plus désintéressée des causes : celle de la civilisation.

Tous n’ont d’autre préoccupation que de répandre, avec la langue française, nos idées et notre esprit, et de nous gagner, par la douceur, la persuasion et l’exemple, le plus de cours possible, en les faisant battre à l’unisson des nôtres.

Vous voyez, messieurs, que les ouvriers d’une telle œuvre méritent bien vos sympathies. Soyez persuadés d’ailleurs que l’accueil si charmant que vous nous avez fait sera pour eux le cordial qui réconforte, la récompense qui stimule. C’est dans cette pensée que je propose de lever notre verre à l’union des instituteurs de France et d’Algérie.

D’Osne-le-Val, on arrive quelques minutes après dans la cour des usines du Val-d’Osne. Immédiatement, sous la conduite de M. Vigneron, directeur, commence la visite des ateliers. Le splendide et peut-être unique magasin des modèles de statues intéresse énormément les Algériens, qui s’extasient devant cette belle collection comprenant de superbes spécimens de l’art du fondeur statuaire. Ils admirent surtout les magnifiques taureaux et chevaux dont la reproduction figure dans les jardins de S. M. le Sultan à Constantinople.

À Joinville, les visiteurs s’arrêtent devant la statue de Jean, sire de Joinville, dont ils connaissent l’histoire. M. Estienne leur explique le sens des bas-reliefs qui ornent le socle de la statue, et leur fait remarquer la hauteur qui domine la ville et sur laquelle s’élève le château du chroniqueur de Saint-Louis.

Le lendemain, visite aux belles usines de fonderie de Somme voire, qui comptent parmi les premières de France. Tous les ouvriers sont à leur poste, et s’offrent gracieusement à donner aux