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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1896.djvu/25

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APRÈS L’ÉCOLE, AVANT LA VIE

penseraient par des prix, par des livrets de caisse d’épargne, etc., l’assiduité et le succès. Les associations amicales d’anciens élèves des écoles primaires apporteraient aussi un concours sérieux. Nous proscririons les examens et les diplômes, parce qu’ils ne se justifient ailleurs que par la nécessité et qu’ici on peut fort bien s’en passer. Mais l’attention des commerçants, des industriels, etc., pourrait être appelée utilement sur les qualités dont les jeunes gens auraient fait preuve devant les maîtres qu’ils auraient libre ment écoutés. De telles recommandations n’auraient rien de banal, étant fondées sur la connaissance des caractères et des esprits. Nul doute qu’elles ne soient très vite appréciées des intéressés et qu’elles ne constituent une sanction et un facteur de succès pour l’œuvre de l’école continuée.

On ne peut pas espérer changer l’homme fait ses habitudes sont prises ; le voulût-il, il ne les modifierait pas. Si l’on tient à moraliser, c’est sur l’enfant qu’il faut agir. Et pour assurer le succès, il est indispensable que l’enfant n’ait pas le temps d’échapper à l’action des maîtres. Voilà pourquoi l’on ne devrait, au début, s’adresser qu’aux adolescents qui sortent de l’école. Dans ces conditions, ils seraient plus malléables d’abord et le resteraient.

Au lieu de la dispersion des efforts, ce qui s’imposerait ce serait l’unité de direction. Un petit nombre de personnes, auxquelles l’expérience serait plus nécessaire encore que le savoir, ne cher chant pas à attirer sur elles l’attention publique, mais se vouant dans l’ombre et le silence à une œuvre qui réclame de longs et patients efforts, ayant en vue le bien à faire et s’estimant payées si elles sont parvenues à donner au pays quelques honnêtes gens de plus voilà les seuls ouvriers qui puissent coopérer à ce travail tout de désintéressement et d’abnégation.

Grâce à eux, l’enfant ne sera plus étourdi comme il l’était dans la solitude que lui faisait son premier contact avec le monde. Au lieu de se sentir abandonné et livré à ses propres inspirations, il aura un bras où s’appuyer, des volontés bienveillantes toutes prêtes à le guider, et, ou je me trompe fort, ou il aura plus de chances de devenir un homme.

G. Lefèvre,
Professeur de philosophie.