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Nouvelle série. Tome XXXIII.
15 Octobre 1898.
N° 10.

Revue pédagogique

L’ENSEIGNEMENT INTÉGRAL[1]



M. Bertrand, professeur de philosophie à l’Université de Lyon, vint de publier, sous ce titre un peu suranné d’enseignement « intégral », un livre écrit avec verve et qui n’est pas un seul instant ennuyeux.

Ce qui fait le charme d’une excursion en compagnie de M. Bertrand, dans les « mâquis » de la pédagogie, c’est qu’il ne voyage pas pour arriver et qu’il sait s’arrêter aux beaux endroits pour admirer et pour communiquer son enthousiasme.

Cette façon de voyager nous vaut sur Descartes et sur Auguste Comte deux chapitres d’une érudition solide et d’un intérêt qui va jusqu’à l’émotion. Aussi ne chicanerons-nous pas M. Bertrand d’aimer l’école buissonnière. Il se plaît souvent à regarder ses idées se dérouler en lui suivant les caprices d’associations inattendues[2], et ce spectacle l’intéresse et nous intéresse au point que nous en oublions de concert le but du voyage ; mais on finit par retrouver tôt ou tard le bon chemin.

Notre système actuel d’enseignement secondaire s’adresse surtout à la bourgeoisie. L’éducation intégrale de M. Bertrand s’adressera à la bourgeoisie « si elle l’accepte » ; mais c’est seulement du peuple, des « prolétaires » que se soucie M. Bertrand. Il espère toutefois que les classes moyennes seront assez clairvoyantes pour réclamer pour elles-mêmes l’enseignement du peuple.

L’enseignement intégral vise à la culture de tout l’homme et de

  1. A. Bertrand. Un volume in-8° ; Alcan, 1898, 301 pages.
  2. Voir, par exemple, p. 57, le développement sur la « bifurcation » et p. 47.