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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1907.djvu/244

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REVUE PÉDAGOGIQUE

mais, une fois en chemin, une curiosité toujours éveillée, une mémoire sûre, prête sans cesse à retenir l’image ou l’idée entrevue ; il faut regarder et les grandes lignes et les détails des tableaux, et les édifices et les passants, lire les affiches, les prospectus, les journaux, ne négliger rien de ce qui peut avoir une signification, si menue soit-elle, de ce qui peut contenir un enseignement quelconque sur la vie passée ou présente du pays que l’on visite.

L’Ombrie avait en sous-titre : « l’âme des cités et des paysages ». M. Schneider, en effet, excelle à percevoir l’idée sous les apparences extérieures, et quelquefois même à l’y mettre : rien n’est inexpressif devant cet observateur aigu. Notations pittoresques, rappels historiques et interprétations abstraites se mêlent dans ses descriptions, et pour lui plus que pour tout autre un paysage est un état d’âme très composite. C’est cette méthode qu’il emploie à Rome : dans l’innombrable multitude des thèmes que la ville immense propose à la réflexion, il en a choisi une vingtaine, comme son introduction l’explique, qui lui ont paru particulièrement riches de sens. Sur les collines, d’abord, il dessine les lignes essentielles du paysage romain, le trait caractéristique de la physionomie de l’Urbs, « Roma rotunda » : « Circulaire dans l’anneau des sept collines, elle a élargi presque indéfiniment les ondes circulaires de son Imperium », Des méditations au Forum, au Palatin, dans les galeries de sculpture lui permettent d’évoquer la vie antique, depuis les pompes officielles jusqu’aux besognes quotidiennes et aux gestes de la rue. Trois ou quatre églises, insignes parmi tous les sanctuaires de « l’isle sonnante », Sainte-Croix et ses reliques, Saint-Laurent et son petit cloître bas, Saint-Jean-de-Latran et son grand cloître luxueux, l’Ara-Cæli et les gloires qu’elle commémore, lui suffisent pour faire comprendre le christianisme romain, avec ce qu’il accepta, selon les époques, de prestige oriental, de poésie franciscaine, de richesse profane et de fierté patriotique. De même, il s’arrêtera à quelques œuvres d’art, prises entre tant d’autres, pour mettre en lumière soit le charme unique de l’âge où la piété chrétienne, sans cesser d’être pure encore, se combine avec le goût de la nature et de l’antiquité retrouvées, lorsque Fra Angelico peint la chapelle de Nicolas V, soit les tendances maîtresses de la Renais-