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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1912.djvu/467

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UN COLLÈGE BARNABITE AUX XVIIe ET XVIIIe SIÈCLES

rigide qui enlevait à l’enseignement beaucoup de son intérêt et de son efficacité.

Or en 1729, par la volonté du roi Victor-Amédée II, l’instruction des jeunes Savoyards fut enlevée aux Barnabites pour être confiée à des prêtres séculiers. Les Révérends Pères restaient cependant les usufruitiers de la fondation d’Eustache Chappuis. Et n’ayant plus maintenant de soucis pédagogiques, ils allaient donner leur application au rendement de leurs biens. Ces biens accrus par une série de legs et de donations, étaient devenus considérables ; possédant de nombreux domaines dans les environs d’Annecy, les Pères apparaissaient comme de riches propriétaires fonciers. Mais tant qu’ils « avaient eu la direction des écoles », ils n’avaient pu « donner tous leurs soins » à leurs terres : la culture avait été négligée au profit de l’enseignement, donné avec conscience : aussi les vignes étaient presque ruinées, « les bâtiments en mauvais état, les prés sans haies et sans arbres ». Après 1729 ce fut tout le contraire : ils « réparèrent et augmentèrent les bâtiments, firent planter des arbres et des haies vives, porter la terre dans les vignes et dans les champs, achetèrent des marais pour faire du fumier », ils firent tant et si bien que la valeur de leur domaine s’en accrut dans de notables proportions.

Voilà qui explique qu’après 1729 les Barnabites aient mené une vie peu chargée de soucis ; ils cherchent tout simplement à tirer le meilleur parti de leurs revenus. Ils s’entourent d’un certain confort, et ne croyez pas qu’ils ignorent les règles de l’hygiène, comme bon nombre de communautés religieuses ; la question de la toilette est une de celles qui les intéressent le plus : « On doit avoir soin, est-il écrit en 1749, de fournir abondamment la lingerie, afin que les religieux puissent changer de linge ; c’est une économie, car on a remarqué que le linge enduit de”crasse périt après quatre ou cinq lessives, parce qu’on ne peut le décrasser et le blanchir qu’à force de le battre et de le frotter. » Mêmes soucis diligents pour la nourriture et la boisson : ils ont une cave bien garnie et, « pour avoir de la bonne