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Paul REGNAUD. — ÉTUDES DE PHILOSOPHIE INDIENNE

« Ceci (cet enseignement) a été dit (donné) à Prajâpati par Brahma, à Manu par Prajâpati et aux hommes par Manu[1] »

C’est, comme on le voit, affirmer très— explicitement que les leçons de l’Upanishad sont issues de la révélation divine. Il reste à savoir si nous n’avons pas là une interpolation d’une date postérieure aux autres parties du livre ; c’est, je dois le dire, une conjecture qui me paraît assez vraisemblable.

Une autre remarque à faire sur la même Upanishad, c’est la bizarrerie avec laquelle certaines doctrines y sont exposées non-seulement par des animaux, mais même par des choses inanimées, ce qui ne se concilie guère, il faut l’avouer, avec la révélation divine.

C’est ainsi que nous voyons tour à tour (4, 5-8) un taureau (rishaha)y le feu (du sacrifice) (agni), un cygne (hamsa) et un oiseau d’eau (madgu) donner à Satyakâma Jâbâla, des détails sur la nature de Brahma qu’ils identifient aux différentes parties de l’univers. Un peu plus loin (4, 11-13) les différents feux du sacrifice, le feu gârhapatya, le feu anvâhâryapacana et le feu âhavanîya, tiennent successivement un langage à peu près semblable. Dans l’état actuel de nos connaissances sur les textes et les idées des dernières périodes de l’époque védique, il est difficile de décider s’il faut voir dans ces étranges récits des sortes de symboles imaginés de toutes pièces et dont le sens est encore obscur ou problématique, ou bien les débris de légendes antérieures amalgamées aux idées philosophiques nouvelles.


II. Les Upanishads postérieures.

Dans la plupart des autres Upanishads qui, comme nous l’avons vu, sont postérieures à la Brihad-Aranyaka et à la Chàndogya, l’intention qu’ont eue les auteurs de s’appuyer avant tout sur la révélation est évidente.

Dans la Kaushîtaki-Up. (3e chapitre), c’est le dieu Indra lui-même qui enseigne à Pratardana, fils de Divodâsa, l’identité du souffle vital (prâna) et de l’âme individuelle (projnâ) avec lui-même, considéré comme l’être unique et éternel.

De même, dans la Bhrigu-Vallî, qui forme la dernière partie de la Taittirîya-Upanishad, Bhrigu, fils (adoptif) du dieu Varuna, vient trouver son père et lui demande de lui enseigner la science de

  1. Tad dhaitad brahmâ prajâpataya uvâca prajàpatir manave manuh prajàbhyah.