Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, II.djvu/208

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
198
revue philosophique

On voit par cette rapide et imparfaite esquisse l’importance du livre de M. Janet. Ce n’est pas une de ces œuvres auxquelles on fait, en passant, l’honneur de quelques critiques. Elle mérite un long et sérieux examen, et nous sommes convaincu qu’elle l’obtiendra.

Signalons en terminant un appendice qui est presque un livre, composé de dix dissertations dont nous ne pouvons donner que les titres : le Problème de l’induction ; — Les lois de Cuvier ; — Lesage de Genève et les causes finales ; — Geoffroy Saint-Hilaire et les causes finales ; — Les causes finales dans la philosophie Sankhya ; — Leibniz et les lois du mouvement ; — L’optimisme ; — Herbert Spencer et évolutionnisme ; — Platon et les causes finales ; — La fin suprême de la nature.

L. Liard.


Desdouits : La Philosophie de Kant, d’après les trois critiques. (Chez Ernest Thorin. Paris, 1876).

La philosophie critique a eu cette fortune, unique peut-être dans l’histoire, d’être admirée et invoquée tour à tour par les écoles les plus différentes. La spéculation la plus téméraire et l’expérimentation la plus circonspecte veulent s’autoriser et s’inspirent également de ses principes et de ses méthodes. Elle a survécu à la ruine des systèmes qui avaient prétendu la remplacer, et paraît encore la base la plus solide à ceux qui essaient de leur succéder.

Tandis que jusqu’en ces dernières années, les maîtres de la métaphysique allemande n’étudiaient la doctrine critique que dans un intérêt de système, qu’en vue d’y chercher une justification égale pour leurs affirmations contradictoires, les interprètes contemporains de la philosophie de Kant s’efforcent de l’apprécier avec le même désintéressement, la même impartialité qu’ils apporteraient à l’étude d’un philosophe ancien. Les monographies se multiplient sur les diverses parties de l’œuvre critique.

Bornons-nous à mentionner, parmi les plus autorisés des commentateurs récents, M. Cohen pour la théorie de l’expérience, M. Bona Meyer pour la psychologie, Stadler pour la téléologie, Paulsen pour l’histoire du développement de la théorie de la connaissance. L’année qui vient de s’écouler, a grossi encore la liste de ces travaux. L’apparition de la 1re  partie du grand ouvrage de Bergmann, le dernier successeur de Kant dans la chaire de Königsberg : Jugement de la philosophie critique du point de vue de l’idéalisme (Berlin, 1875) ; la publication du 1re  volume de Riehl : Le criticisme philosophique, et son importance pour la science positive (Leipzig, Engelmann, 1876) ; enfin les éclaircissements de Kirchmann aux grands et petits traités de Kant sur la morale (Leipzig et Berlin, 1875) montrent assez que jamais l’action de Kant n’a été plus grande et sa doctrine plus étudiée qu’aujourd’hui. On doit dire hardiment que l’évolution de la pensée allemande depuis le