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dans ces 150 pages (tome II, 5esection) un résumé très-bien fait des travaux contemporains.

Les dernières sections de l’ouvrage sont consacrées au moi, à la perception interne, aux sentiments, aux désirs et à la volonté. Nous regrettons qu’un ouvrage aussi considérable finisse sans aucune espèce de conclusion.

Tel est l’ensemble du livre. Quant à l’idée générale que l’auteur se fait de la psychologie, elle se dégage de ses considérations sur la méthode à suivre.

Le but de la psychologie, c’est « l’explication des phénomènes psychiques. » On peut la demander soit à la déduction, soit à l’induction, soit à une méthode mixte.

La méthode inductive se vante d’avoir une base solide et de suivre des procédés simples. Cependant il faut remarquer qu’elle a pour point de départ des abstractions : car, l’expérience interne ne nous donne jamais immédiatement des phénomènes simples. Nous ne trouvons en nous que des impressions complexes, simultanées, changeantes et qui résultent d’éléments sans nombre. Si par le procédé inductif, on isole un phénomène de tous les autres, il n’en reste pas moins vrai que le phénomène ainsi abstrait n’est plus tel qu’il nous est donné en réalité.

L’auteur n’a point de peine à montrer que la méthode déductive est absolument impuissante à saisir les faits eux-mêmes. « L’induction, dit-il, ne peut parvenir du problème aux principes : elle résout le problème par une loi problématique, qui n’est que l’expression générale du phénomène à expliquer. La déduction ne peut parvenir des principes au problème ; elle se croit à la fin n’étant encore qu’au commencement et elle prend pour une explication des phénomènes réels un simple agrégat de propositions générales sur la vie de l’âme » (t. I, p. 9).

L’insuffisance de ces deux méthodes justifie et précise l’emploi d’une méthode mixte qui est celle de l’auteur. Elle emprunte à la métaphysique le concept du phénomène psychique réel et s’en sert pour éclairer les données expérimentales, mais sans négliger en aucune façon celle-ci. Dans cette méthode mixte, les principes empiriques fournissent la matière de toute explication des phénomènes ; les principes spéculatifs fournissent la loi. Cette méthode peut être aussi appelée génétique, puisqu’elle déduit conformément à des lois générales, l’origine, la formation et le développement des divers phénomènes de la vie spirituelle.

À ces trois méthodes correspondent, d’après M. de Volkmar, trois conceptions différentes de la psychologie. Pour la méthode inductive, la psychologie est une théorie des facultés de l’âme ; pour la méthode déductive, elle est une histoire du développement de l’esprit ; pour la méthode mixte, elle doit être une théorie des représentations (telle qu’on la trouve dans Herbart et dans son école). — L’auteur n’expose cette opinion qu’avec quelques réserves (p. 15) ; mais nous croyons qu’il ne voit pas assez ce qu’il y a de forcé dans cette assimilation des trois