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taedt un essai de ce genre. Ils croient même inutile l’un et l’autre de renvoyer au moins le lecteur à d’autres écrits qui se proposent la solution de ce problème, quoiqu’ils aient eu nécessairement conscience de l’opposition de leurs vues avec le courant kantien qui domine parmi les philosophes contemporains.

L’impression générale laissée par la transformation de Frauenstaedt est qu’elle s’éloigne considérablement de la forme historique du système de Schopenhauer (plus que l’idéalisme transcendantal de Schelling ne s’écarte de la théorie de la science de Fichte ou le panlogisme de Hegel de la philosophie de l’identité de Schelling) et qu’elle se rapproche davantage de la Philosophie de l’inconscient. Partout où Frauenstaedt s’est rattaché plus étroitement que moi à la doctrine de Schopenhauer, il s’agit, comme je crois l’avoir démontré, d’inconséquences provenant de ce qu’il n’est pas allé jusqu’au bout, quand il rejetait les principes du maître, de coquilles d’œufs restées collées au dos du poulet éclos, mais étrangères à la vie en dehors de l’œuf. Partout, au contraire, où il s’éloigne de Schopenhauer plus que je ne l’ai fait dans la Philosophie de l’inconscient, cet écart n’est pas une conséquence des principes qu’il a adoptés (quelquefois même il est en contradiction avec ces derniers) et il ne s’appuie pas d’ailleurs sur des motifs suffisants. Pour les idées fondamentales, Frauenstaedt reconnaît la nécessité des modifications que j’ai déjà développées dans leur enchaînement dans la Philosophie de l’inconscient. Quant à l’exécution de ces modifications principales, je crois être resté plus fidèle à la logique que mon contradicteur, et avoir évité avec soin toute déviation non motivée du système de Schopenhauer. Ainsi quoique mon développement de la philosophie de Schopenhauer s’accorde avec la transformation de Frauenstaedt, quant aux idées métaphysiques fondamentales, je ne puis m’empêcher de penser que je me suis montré non-seulement plus logique que lui, mais encore plus fidèle à l’esprit de la philosophie de Schopenhauer dans les conséquences tirées de ces principes communs. En ce sens, j’ai tout lieu d’être reconnaissant au champion distingué de la philosophie de Schopenhauer pour la publication de ses Nouvelles lettres. Celles-ci sont en effet une confirmation précieuse, tantôt directe, tantôt indirecte, de ce fait que j’ai suivi dans la Philosophie de l’inconscient sur tous les points essentiels la voie juste pour le développement de la philosophie de Schopenhauer.

E. de Hartmann.

    transcendantal (2e édit. Berlin, 1875), et pour compléter je l’ai fait suivre d’une étude sur le réalisme de la connaissance théorique de J. -J. de Kirchmann.