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Par son caractère très-général et par sa préoccupation du problème des origines, cette doctrine a un caractère plutôt philosophique que psychologique, bien qu’elle ait fait entrer en psychologie des notions capitales, comme celles d’évolution et de permanence héréditaire.

Les anthropologistes forment un second groupe qui s’est surtout adonné à l’étude de l’homme physique, en se bornant à quelques généralités vagues sur les variétés psychologiques de la race humaine, de ses mœurs, de ses sentiments et de ses idées.

D’autres, au contraire, se sont attachés à cet ordre de manifestations. Les uns, comme Lubbock, Tylor, Mac Lennan, Bachoffen, Herbert Spencer (dans sa Sociologie descriptive), se sont enfoncés dans l’histoire naturelle des mœurs ; d’autres ont étudié les langues et les croyances religieuses ; d’autres enfin, comme M. Taine, ont appliqué la critique psychologique à l’explication des littératures et des œuvres d’art.

C’est à ce troisième groupe qu’appartiennent les deux hommes dont nous voulons parler ici : Théodore Waitz et Lazarus. Tandis que Haeckel, Fechner, Gerland, Peschel développent, discutent ou transforment les idées de Darwin[1] ; tandis que Vogt, Virchow, Schaffhausen, représentent la pure anthropologie ; d’autres se sont essayés à l’étude psychologique des races humaines, et bien que leur œuvre ait été modeste, elle vaut la peine d’être signalée.

I

Quoique inconnu chez nous, Théodore Waitz a sa place marquée dans l’histoire de la psychologie allemande contemporaine, et est souvent cité dans son pays. Né à Gotha, le 17 mars 1821, il eut pour maître à l’Université de Leipzig, Drobisch, qui y professe encore, à l’heure actuelle, les doctrines de Herbart. À l’âge de vingt ans, il voyagea en France et en Italie pour collationner des manus-

  1. Fechner, dans son livre Einige Ideen zur Schöpfungn und Entwickelungs geschichte der Organismen (Leipzig, 1873), s’est surtout préoccupé d’expliquer le rapport de l’organique à l’inorganique. D’après lui, c’est le second qui découle et résulte du premier : l’expérience nous le montre chaque jour dans la décomposition des corps organisés qui se transforment en éléments inorganiques. Le processus en vertu duquel la nature s’est développée dans sa variété infinie résulte de l’action contraire de deux principes : stabilité, différenciation corrélative. — Gerland (Anthropologische Beitràge, Berlin, 1875) soutient que l’évolution peut s’expliquer par un pur processus atomico-mécanique, tout en accordant une singulière importance à un « principe psychique » qui rappelle les monades de Leibniz et de Herbart. — Peschel a publié une Völkerkunde. (Leipzig, 1874.) Quant à Hæckel, ses écrits sont très-connus en France.