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UN NOUVEAU DISCIPLE

DE SCHOPENHAUER



J. BAHNSEN.

I

La philosophie de Schopenhauer est privée du moyen de propagande qui a rendu des services si efficaces à d’autres systèmes philosophiques, je veux parler de la transmission personnelle de la doctrine par le maître à l’élève au moyen de la chaire. Le jeune homme studieux fait volontiers taire pendant quelque temps, en présence d’une personnalité remarquable, la critique qu’il n’a aucune raison de supprimer quand il fait une simple lecture, et c’est ainsi que les rapports personnels ont le plus de puissance, pour transformer complètement des hommes en propagateurs d’une certaine doctrine. Celui qui se borne à agir par ses écrits, exercera sans doute en bien des cas une influence plus étendue, que le professeur d’une Université ; il rencontrera peut-être un plus grand nombre de personnes dont il excitera l’intérêt et l’enthousiasme, mais il lui sera plus difficile de trouver des disciples, dans le sens propre du mot, c’est-à-dire des hommes qui prennent à tâche de répandre et de développer sa doctrine. Si un écrivain parvient cependant à ce résultat, ce dernier peut être regardé comme un symptôme notable de son importance intellectuelle, et le petit nombre de disciples, qui se groupent autour d’un tel maître auront, sous certains rapports, droit à une considération plus sérieuse que les disciples plus nombreux d’autres maîtres qui ont gagné cette influence par des relations personnelles, peut-être même par l’appui prêté pour faire arriver à une position lucrative.

En ce sens nous avons exposé récemment[1] aux lecteurs de cette

  1. Revue philosophique. Nos VI et VII, 1876.