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II

Production de chaleur dans le cerveau.

1e Expériences sur des animaux narcotisés.

C’est généralement du curare et quelquefois de l’alcool que M. Schiff se sert pour immobiliser les animaux destinés à cette série d’expériences ; dans le premier cas la respiration artificielle est indispensable pour éviter la mort de l’animal. Lorsque celui-ci est suffisamment narcotisé, M. M. Schiff perfore le crâne à distances égales de la ligne médiane, et introduit dans le cerveau, aussi symétriquement que possible, les deux éléments de la pile thermo-électrique. Il en résulte au moment de la clôture du circuit une forte déviation et de longues oscillations du miroir du galvanomètre. On est condamné à attendre pendant une heure ou deux l’équilibration de ces excursions, avant de pouvoir risquer une irritation en espérant d’en reconnaître l’effet ; on attendrait en vain l’immobilité complète de l’échelle ; il faut se contenter d’oscillations lentes et régulières autour du zéro. Dès que l’on s’est bien assuré de leur extension, on attend la fin d’une oscillation, c’est-à-dire le moment où le miroir ralentit sa marche et est sur le point de s’arrêter pour rebrousser chemin ; dans ce moment l’on touche très-légèrement l’une des extrémités de l’animal. Cette irritation peut produire deux effets différents : ou bien le miroir, au lieu de s’arrêter au point de culmination de sa déviation, rebrousse immédiatement chemin… ou bien l’échelle, presque sans mouvement avant l’irritation, accélère de nouveau sa marche et prolonge son excursion de quelques degrés au delà du point de culmination habituel. Cette nouvelle impulsion est l’effet de l’irritation. On s’en assure en répétant plusieurs fois la même expérience, après avoir toujours observé, entre deux, les oscillations normales du miroir : on peut contrôler le fait en appliquant l’irritation au moment où le miroir atteint le maximum opposé de ses excursions normales : on le voit alors retourner brusquement en sens inverse, avant d’arriver à ce maximum.

Ces expériences prouvent qu’une irritation périphérique produit une différence de température entre les deux points du cerveau qui sont en contact avec les pôles de la pile thermo-électrique. Après avoir démontré que cette différence est indépendante de la manipulation qui produit l’irritation, M. Schiff se demande si elle tient à