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logique, de manière que toutes les questions découlent naturellement de celles traitées au commencement, et y trouvent leurs éléments de solution. Le phénomène appelé sensation devant être l’objet de mon travail, je prends d’abord à tâche de déterminer en quoi consiste la sensibilité dont l’excitation, la mise en jeu, constitue le phénomène appelé sensation. C’est après avoir déterminé, d’une manière claire et précise, l’objet désigné par ce mot sensation que je me crois autorisé à l’employer. Mais, pour arriver à ce résultat, j’ai été obligé de remonter jusqu’aux éléments de la vie et aux phénomènes primordiaux auxquels ils donnent lieu ; phénomènes dont celui appelé sensation fait partie. Ce n’est qu’après ce travail préparatoire que j’ai pu parler, sans qu’on puisse me reprocher de ne pas avoir une idée exacte et claire du sujet, de l’importance de la sensation dans la vie de l’homme, de son siège, de la manière dont elle se produit dans les divers organes où il y a production de sensations différentes ; des caractères et des attributions propices à chacune de ces sensations dans la vie générale ; de l’importance des sensations figuratives et auditives par lesquelles nous acquérons, conservons et reproduisons la connaissance générale des choses qui nous environnent, et sans lesquelles cette connaissance est impossible. Il m’a été donné de pouvoir dire ensuite : 1° comment les sensations qui ont leur siège dans les sens vont porter leur influence sur les viscères de la poitrine et de l’abdomen pour y déterminer l’espèce de sensations appelées affections, sentiments, passions ; 2° comment ensuite ces sentiments ou affections excitent les parties motrices de la moelle épinière et du cerveau, pour leur faire produire dans les instruments de la vie de relation, les mouvements que ces parties tiennent sous leur dépendance. C’est après avoir fait voir comment l’homme éprouve tous ces changements physiologiques que j’ai dû parler des causes qui les produisent, et qui toutes se trouvent dans un monde extérieur. Voilà pourquoi j’ai été amené naturellement à traiter la question difficile du bon et du mauvais, du beau et du laid, et à déterminer quelles sont les choses désignées par ces termes généraux. En considérant cette question au point de vue physiologique, nous avons pu faire ressortir que ces mots bon et mauvais, beau et laid, désignent deux éléments distincts, l’un qui se trouve dans le monde extérieur, et l’autre dans l’homme, que c’est pour avoir ignoré ce fait et ne l’avoir pas pris pour point de départ dans l’étude du bon et du beau, qu’aucun philosophe n’a pu arriver à donner une solution satisfaisante à cette question.

Les impulsions ou phénomènes moteurs qui sont l’objet du second volume ou de la seconde partie de l’ouvrage, sont de deux espèces, les unes consistant dans les sensations qui ont pour attribution de révéler l’existence des besoins de la vie organique ou de nutrition ; les secondes dans les sensations viscérales, appelées affections, sentiments, etc., et déterminées par les sensations externes, c’est-à-dire qui ont leur siège dans les sens. Ces sensations sont produites soit par les actions