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REVUE DES PÉRIODIQUES ÉTRANGERS




MIND


A Quarterly Review of psychology and philosophy,
edited by G. Croom Robertson. Octob. 1877.

M. R. Verdon, dans un article Sur l’oubli, qui consiste plutôt en remarques qu’en un travail systématique, commence d’abord par combattre cette doctrine généralement acceptée (en particulier par Hamilton, Carpenter, Maudsley), qu’il n’y a pas d’exemple d’oubli total. L’onus probandi, d’après lui, incombe à ceux qui soutiennent cette doctrine qui a contre elle au moins les apparences. On a invoqué en sa faveur la loi de conservation de l’énergie ; mais cette loi n’implique pas du tout la persistance de « traces » dans la mémoire. — Tous les actes de la vie qui impliquent la mémoire, impliquent aussi l’oubli : le syllogisme le plus simple n’est possible que si, dans la conclusion, le moyen terme est oublié au moins quelque temps. L’absence de l’oubli serait, en fait, un grand embarras. Le Dr  Leyden}}, doué d’une si belle mémoire qu’il se rappelait parfaitement tout passage qu’il avait lu ou entendu, était obligé pour arriver à l’endroit dont il avait besoin, de parcourir une grande partie des souvenirs qu’il avait dans l’esprit. Hamilton (30e leçon) cite un fait analogue du Corse Giulio Guidi. — Assimiler des connaissances, dit l’auteur en concluant, est un processus analogue à celui de la digestion : il provoque une production de force. Si le processus d’assimilation est arrêté, la force s’emmagasine et forme une réserve en aide à la mémoire future. De sorte que ce qui rend possible la formation de nouvelles traces, c’est moins la disparition des anciennes que cette diversion de forces.

Morale et Politique, par Alfred Baratt. L’auteur, dans un précédent article (analysé dans la Revue philosophique, tome III, p. 549), s’est attaché à établir que l’Utilitarisme n’est pas un principe moral, mais bien un principe politique. Il reprend la même thèse avec plus de développement. — L’histoire montre que, chez les peuples primitifs, il n’y a pas d’idée d’une morale personnelle ou individuelle ; il n’existe qu’une morale de la famille, de la tribu ou de l’État. Un premier progrès (Grèce, Rome) a amené la formation d’une morale personnelle ; un second progrès (le christianisme) a amené la morale intérieure. C’est St. Paul qui a décidément émancipé la morale de la politique. — La