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regnaud. — études de philosophie indienne.

« La couleur rouge de la lune vient de la chaleur, etc.

« La couleur rouge de l’éclair vient de la chaleur, etc.

« Possédant cette connaissance, les grands chefs de famille, les grands docteurs d’autrefois dirent : « Nul de nous désormais ne parlera de quelque chose qu’il n’a pas entendu, pas pensé, pas connu. » Car ces choses, (ces notions relatives à la composition des corps) leur avaient (tout) appris.

« Ils surent que ce qui paraît rouge vient de la chaleur ; ce qui paraît blanc, des eaux ; ce qui paraît noir, de la nourriture.

« Ils surent que ce qui leur était inconnu est composé de l’amalgame de ces divinités. — Apprends de moi, ô mon ami, comment chacune de ces divinités devient triple en entrant dans l’homme.

« La nourriture, une fois mangée, se divise en trois parties. La partie la plus grossière forme les excréments ; la partie moyenne forme la chair ; la partie la plus subtile forme le manas (l’organe de la pensée).

« Les eaux, une fois bues, se divisent en trois parties. La partie la plus grossière forme l’urine ; la partie moyenne forme le sang ; la partie la plus subtile forme le prâna (le souffle vital).

« La chaleur, quand elle est absorbée (par le corps), se divise en trois parties. La partie la plus grossière forme les os ; la partie moyenne forme la moelle ; la partie la plus subtile forme la parole.

« Car, ô mon ami, le manas est produit par la nourriture, le prâna est produit par les eaux, et la parole est produite par la chaleur…

« Quand le lait est baratté, ô mon ami, les parties subtiles s’élèvent et deviennent le beurre.

« De même, ô mon ami, quand la nourriture est mangée, les parties subtiles s’élèvent et deviennent le manas. »

La Taittirîyâ Upanishad, II, 1, résume brièvement un système cosmogonique dont le fond diffère peu de celui qui vient d’être exposé :

« L’éther est né de cet Atman ; l’air est né de l’éther ; le feu est né de l’air ; les eaux sont nées du feu ; la terre est née des eaux ; les plantes sont nées de la terre ; la nourriture est née des plantes ; la semence est née de la nourriture ; l’homme est né de la semence ; l’homme est fait du suc de la nourriture[1].

Dans l’Aitareya Upanishad, I-III, l’Atman crée d’abord les mondes, qui sont au nombre de quatre : le monde appelé Ambhas, qui est au delà du ciel ; le monde des Marîcis ou de l’atmosphère ; Mara, ou la terre, et le monde des Eaux, qui est au-dessous de la terre.

  1. Tasmâd vâ etasmâd âtmana âkâcah sambhûtah âkâcâd vâyuh vâyor agnihagner âpah adbhyah prthivî prthivyâ oshadhayah oshadhîbhyo’nnam’annâd retah retasah purushah sa vâ esha purusho’nnarasamayah.