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autorités, sociale, politique et religieuse, possèdent en commun certains éléments ; car les formes qu’il faut observer dans les relations sociales se retrouvent aussi dans les relations politiques et religieuses, dans l’hommage et le culte. Chose encore plus significative, on peut rattacher la plupart du temps les cérémonies à des actes manifestement antérieurs à toute législation civile ou ecclésiastique. Au lieu d’avoir pour cause une prescription imposée ou consentie, ce qui impliquerait que l’organisation nécessaire pour faire et imposer les règles préexistait, elles proviennent, par voie de modification, d’actes que l’homme accomplit pour des fins touchant sa personne ; ce qui prouve qu’elles naissent de la conduite de l’individu, avant qu’il existe aucun arrangement social capable de la gouverner. Enfin nous remarquons que lorsqu’un chef politique s’élève qui exige la subordination, qui est son propre maître des cérémonies, et qui rassemble autour de lui des serviteurs qui accomplissent des actes propitiatoires que la répétition précise et fixe, dès ce moment il y a des officiers de cérémonies. Si en même temps que croissent les organisations qui imposent les lois civiles et promulguent les préceptes moraux, l’organisation cérémonielle déchoit au point qu’on ne l’aperçoit plus ; il n’en reste pas moins vrai que dans les premiers temps le corps des officiers qui dirigent la propitiation des chefs vivants, des chefs suprêmes et des chefs subordonnés, homologue du corps des officiers qui dirigent la propitiation des chefs divinisés après leur mort, tant des principaux que des subordonnés, constitue un élément considérable de la structure sociale. Enfin l’organisation cérémonielle ne s’efface que lorsque les appareils, politique et ecclésiastique, qui exercent une autorité plus définie et sur un plus grand nombre de détails, usurpent ses fonctions.

À la lumière de ces idées générales, examinons maintenant les divers éléments du gouvernement cérémoniel. Nous les étudierons sous les noms de trophées, mutilations, présents, salutations, formules de discours, titres, insignes et costumes, autres distinctions, modes, passé et avenir des cérémonies.

Herbert Spencer.
(À suivre.)