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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, V.djvu/431

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carrau. — moralistes anglais contemporains

quelque manière d’avoir une intelligence complète et définitive. Mais le monde du devoir est ainsi réellement ramené au chaos, et l’effort prolongé de l’esprit humain pour constituer l’idéal parfait de la conduite rationnelle est, on le voit, destiné à un échec inévitable. »

Telle est la conclusion, quelque peu décourageante, d’un ouvrage qui est lui-même presque entièrement négatif et critique. Malgré les objections que nous avons cru devoir présenter contre la thèse fondamentale de l’auteur, la subordination de l’intuitionisme à l’utilitarisme, nous n’hésitons pas à proclamer que ce livre est un des plus considérables qui aient paru depuis Kant dans cet ordre de questions. Jamais les principes et les méthodes des différents systèmes de l’éthique n’avaient été soumis à une discussion plus approfondie ; jamais on n’avait fait pénétrer dans ces problèmes, où le vague et la généralité des formules font si facilement illusion, plus de rigueur et de clarté. Sur cette partie du domaine philosophique, M. Sidgwick a marqué une empreinte forte et durable ; il sera désormais impossible à ceux qui cultivent le même champ de ne pas compter avec lui.

L. Carrau.