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ANALYSESherbert spencer. — Principes de biologie.

milieu d’espèces tranchées, des espèces imparfaitement définies qui sont comme des passages d’une espèce à une autre ? — Enfin, si les formes les plus complexes sont issues par évolution de formes élémentaires, les traits de parenté les plus nombreux et les plus accentués doivent exister entre les membres les moins élevés des groupes voisins. En fait, il en est ainsi ; l’amphioxus, le plus simple des vertébrés, a plus d’une analogie avec les mollusques ; de même, le lépidosiren présente des caractères communs aux poissons et aux amphibies.

Passons à l’embryologie. On connaît la loi de Baër : « Dans les premiers temps de son existence, tout organisme a le plus grand nombre de ses caractères communs avec les autres aux premiers temps de leur existence ; à une époque un peu plus avancée, sa structure ressemble à celle que présente à une époque correspondante un nombre d’organismes moins étendu ; à chaque période suivante, l’embryon prend des caractères qui le distinguent des groupes d’embryons qui auparavant lui ressemblaient. » C’est là une loi qu’implique et que réclame l’hypothèse de l’évolution. Que marquent en effet ces ressemblances temporaires et de plus en plus restreintes, sinon une parenté primordiale et une différenciation progressive de tous les organismes, et qu’est la subordination des espèces, des genres, des ordres et des classes, sinon un résultat de cette communauté primitive de nature, et de la divergence et de la redivergence continues des embryons ? — De même, les faits moins importants de l’embryologie sont expliqués. Les substitutions et les suppressions d’organes, l’existence d’organes superflus, sont incompatibles avec l’hypothèse téléologique. Mais on comprend que si un mammifère, par exemple, est un produit de l’évolution, il ait, pendant son développement embryonnaire, des organes temporaires qui étaient permanents chez ses ancêtres éloignés.

Si maintenant nous consultons la morphologie, que voyons-nous ? — A l’état adulte les organismes d’un même groupe sont construits sur un plan commun. C’est là un premier corollaire morphologique de la loi d’évolution : les formes organiques ont continué d hériter d’une façon plus ou moins claire des caractères des races d’où elles sont descendues ; les traits des ancêtres éloignés seront plus ou moins effacés selon que les modifications de structure qui se sont superposées aux traits primitifs ont été plus considérables et de longue durée. — En second lieu, les ressemblances déguisées par les dissemblances, que l’anatomie comparée découvre entre les divers organes d’un même organisme, n’ont aucun sens, si l’on suppose que les organismes ont été formés séparément tels que nous les voyons aujourd’hui. — Enfin la présence d’organes rudimentaires et sans utilité chez certains êtres, homologues d’organes développés et utiles chez des êtres voisins, s’explique aisément par la croyance à la formation évolutive des organismes.

La distribution des espèces dans l’espace et le temps est un nouveau témoin de l’évolution. On trouve sur des surfaces soumises à des con-