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REVUE DES PÉRIODIQUES




La filosofia delle scuole italiane, directeur : M. Mamiani
(octobre et décembre 1877).

Octobre. — 1° Le Moi et la Conscience de soi-même, par M. Luigi Ferri. — L’auteur arrive à la partie la plus importante de son étude. La question de savoir si le moi est ou non une substance domine en effet toute la psychologie systématique et en particulier toute la théorie de la conscience. M. Ferri divise son travail en trois parties : dans la première, il décrit la conscience de soi et en expose le contenu ; dans la seconde, il considère les divers aspects du concept de substance et résout le problème de son origine et de ses rapports avec la conscience ; dans la troisième, il présente sa conclusion sur la nature du moi et sur sa relation avec la substantialité de l’esprit. Il combat chemin faisant Kant, Stuart-Mill et M. Taine. Contre Kant, il soutient que l’aperception du moi n’a rien de transcendantal, qu’elle se fait directement et sans illusion, à mesure que se développent les phases successives de la conscience ; contre Mill, il établit que la substance est non une possibilité abstraite et vide, mais une puissance ou activité déterminée, où l’unité de la conscience et la variété des sensations sont inséparables l’une de l’autre ; contre M. Taine, il affirme (ce que celui-ci ne nie pourtant pas) le caractère organique ou l’ordre hiérarchique des actes conscients. La doctrine rappelle celle de Jouffroy dans son esprit ; elle n’est point ambitieuse : elle est circonspecte ; elle tient compte des faits. Le moi n’est pas une substance à proprement parler ; il est la dépendance et la manifestation d’une substance ; il est un aspect substantiel de la vie psychique ; il est cette vie elle-même en tant qu’elle se saisit par la conscience dans son activité une et continue. » C’est donc par une sorte d’inférence que nous concluons à la substantialité de l’âme ; celle-ci, en effet, demeure, pendant que le moi s’éclipse. En elle réside le lien permanent des divers états de conscience, sujets à des interruptions et à des lacunes momentanées. C’est elle seule qui nous explique la virtualité cachée par laquelle le moi se retrouve après s’être oublié dans le sommeil et perdu dans la syncope. « Le moi est donc une énergie, tantôt actuelle, tantôt virtuelle, qui suppose une énergie psycho-physiologique correspondante, énergie qui ne s’évanouit pas pendant les alternatives de conscience et d’inconscience auxquelles le moi est soumis… »