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delbœuf. — la loi psychophysique

tifique, occupant, m’a-t-on dit, une position dans le haut enseignement, ont critiqué, comme l’auteur de cet article, la loi psycho-physique au point de vue tout abstrait de la formule qui l’exprime. Évidemment, s’il ne s’agissait que d’une question toute spéciale et n’intéressant que les mathématiques pures, on laisserait aux mathématiciens le soin de la débattre. Mais elle a, au contraire, une importance générale, et, par certains côtés, elle touche à la philosophie naturelle. Dans ma seconde réplique au correspondant de la Revue scientifique je disais, en parlant des traits dirigés par lui contre la loi de Fechner : « Ce n’est pas que les coups portés soient bien violents : on se contente d’introduire délicatement le stylet dans le nœud vital de la jeune science et de la tuer raide[1]. » Fechner, qui ne répond pas à l’écrivain français et qui en ignore peut-être l’existence, consacre près de vingt pages (88-107) à discuter certains scrupules émis par Langer et par moi, mais il ne semble pas s’être rendu un compte bien exact de la portée du débat ni de la nature du point en litige. D’ailleurs je me suis jusqu’à présent presque toujours contenté d’exprimer mon opinion sans la développer. Je ne me suis expliqué à ce sujet un peu longuement que dans mon Étude psychophysique[2]. Dans la Revue scientifique[3] j’ai, en apparence, pris la défense de la formule de Fechner, mais, en réalité, j’en faisais le sacrifice. Enfin, dans la Revue philosophique[4], je me suis borné à un court résumé de ma manière de voir sans entrer dans aucun détail. Dans une partie de mes critiques je me suis rencontré avec le correspondant de la Revue, dans une autre avec Langer. J’ai, l’année dernière[5], exprimé un jugement sur l’ouvrage de ce dernier savant. Fechner (p. 39 et 41) est de mon avis. Je n’ai donc rien à ajouter à ce que j’en ai dit autrefois. Nos destinées sont, du reste, en partie communes. Nous nous sommes, pour ainsi dire, donné le mot pour repousser les sensations négatives qui figurent dans le système du père de la psychophysique

La discussion mathématique que je vais entreprendre comprend deux questions : 1° Dans quelles limites et dans quel sens la position du point nul sur une échelle est-elle arbitraire ? À cette question se rattache celle des valeurs négatives (et tout spécialement des sensations négatives) et de leur interprétation. 2° Dans quelles limites et dans quel sens le choix de l’unité est-il arbitraire ? À cette ques-

  1. Rev. scientif. 1875, n° 46, p. 1089.
  2. P. 13 à 19.
  3. 1875, nos 43 et 46.
  4. Loc. cit., p. 242 sqq.
  5. Ibid., p. 263.