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SUR LA THÉORIE DES SIGNES LOCAUX




La livraison d’octobre 1877 de la Revue philosophique contient un article où l’on retrouve avec plaisir la clarté et la précision de M. H. Lotze. Il y expose ses idées sur la formation de la notion de l’espace en tenant particulièrement compte des faits qui se rattachent au sens de la vue. Ce nouveau travail de M. Lotze a le double avantage de faire suite à ses précédentes recherches dans le domaine de la psychologie médicale et de mettre en pleine lumière le rapport de la théorie avec les explications analogues qui ont été publiées depuis. Psychologue et critique distingué, il a spécialement dans cette question le mérite d’avoir émis et soutenu l’idée des signes locaux, et ses observations doivent attirer l’attention des psychologues.

Il me semble pourtant, si j’ose le dire, que M. Lotze n’expose pas les modifications qu’a subies en dernier lieu l’hypothèse des signes locaux, avec la même précision qu’il fait pour sa propre théorie. Je m’empresse d’ajouter que cela tient beaucoup à un parti pris de l’auteur, qui veut être court et n’être point tranchant. J’en voudrais plutôt à M. James Sully, qui a fait paraître, dans les livraisons de janvier et avril 1878 du Mind, un excellent aperçu des travaux allemands sur la théorie de la vision, qui s’occupe assez longuement des changements proposés à propos de l’hypothèse des signes locaux, et qui laisse précisément de côté les raisons décisives qui ont été l’occasion de ces changements. M. Sully n’a pas vu, je crois, que l’hypothèse que j’ai personnellement proposée, a une base empirique, et, sans cette circonstance, je ne m’expliquerais pas comment un savant distingué a pu se tromper jusqu’à attribuer à mon hypothèse un caractère spéculatif et même mystique, tandis que j’y découvrais la seule voie possible pour rendre compte sans effort des phénomènes qui s’offrent à l’observation. Je n’ai d’ailleurs pas l’intention de nier que la thèse que me suggéraient les observations psychologiques ne me parût mériter encore la préférence au point de vue de la théorie de la connaissance. Comme l’intuition de l’espace est la forme sous laquelle nous concevons le monde extérieur, tandis