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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, VI.djvu/248

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tion plus détaillée des organes avec leurs fonctions respectives, d’une part, et des sentiments ou différents modes de plaisir et de peine, d’autre part. Nous croyons pouvoir démontrer l’existence de ce lien, et, sans entrer dans l’analyse des procédés que nous avons employés pour le trouver, nous nous bornerons pour le moment à exposer le résultat de nos recherches.

On pourrait distinguer avant tout les fonctions végétatives et animales, comme point de départ de notre classification. Ceci donnerait lieu à tracer une ligne de démarcation entre les plaisirs et les peines qui sont essentiels à l’existence animale de l’organisme (emotions of power, of intellect, etc., de Bain), de ceux qui en règlent la vie végétative (émotions de la faim, de la soif, plaisirs et peines du goût, de l’odorat, etc.). C’est la même différence, vue sous un autre aspect, qui est exprimée par les termes : sentiments nobles, sentiments vulgaires. On pourrait nommer les premiers « émotions, qui se rattachent à l’échange du mouvement, de la force ( ?), » car tout commerce des impressions entre l’organisme et le milieu qui l’entoure a pour but dernier le déplacement (la translation) du mouvement (τῆς Κινήσεως, dans le sens d’Aristote) ; la seconde classe pourrait être comprise dans la définition « sentiments, qui se rattachent à l’échange de la matière ». Nous regrettons de ne pouvoir trouver des termes plus courts pour exprimer cette première différence.

Les deux grandes classes de fonctions se divisent en de nouveaux groupes. Les fonctions animales comprennent : 1° Les fonctions des organes de mouvement ; 2° celles des organes de sens ; 3° celles des centres nerveux. Les fonctions végétatives sont en partie conscientes, en partie inconscientes. Nous ne considérerons que les premières, parce que les secondes, n’arrivant pas à notre connaissance, ne peuvent donner lieu à des sentiments, comme par exemple les processus de la circulation du sang. Celles qui sont plus ou moins contrôlées par la conscience, sont : 1° les fonctions sexuelles ; 2° certaines fonctions qui ont rapport à la nutrition (la prise de nourriture) ; 3° les fonctions respiratoires (en tant qu’elles sont sous le contrôle de l’odorat). Essayons d’adapter à ce système de fonctions, conscientes à un degré différent, les principaux modes de la sensibilité subjective qui doivent être distingués par la psychologie. Nous pensons que la classification d’A. Bain, étant la plus complète, pourrait le mieux servir à trouver les analogies cherchées. Il énumère douze groupes différents de sentiments[1]. Les voici :

  1. Voy., loc. cit., ch. iii, et ce qui suit.