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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, VI.djvu/346

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donne les ordres : parfois, après avoir reçu l’information, il donne l’ordre aussitôt et de lui-même ; d’autres fois, il en réfère au ministre et attend pour agir la décision de son supérieur. Dans le premier cas, entre l’information et l’ordre, la distance est courte : il n’y a qu’un corridor entre le bureau des nouvelles et le bureau des injonctions. Dans le second cas, la distance est grande ; il faut que la nouvelle, expédiée par le premier bureau à la capitale, en revienne sous forme d’injonction au second bureau. — Tel est le double rôle des trente et un centres spinaux ; ce sont autant de préfectures subordonnées à un ministère qui siège dans la moelle allongée. Chacun de ces centres a son département ou territoire propre ; il en reçoit les informations par ses nerfs sensitifs ; il y donne les ordres par ses nerfs moteurs. Ses nerfs sensitifs arrivent tous à lui par un seul chemin, sa racine postérieure ; ses nerfs moteurs partent tous de lui par un seul chemin, sa racine antérieure ; ainsi, chez lui, le bureau des informations est contigu au bureau des ordres. Du premier au second, tantôt la communication est directe : en ce cas, l’information détermine l’ordre sans intermédiaire ; tantôt la communication est indirecte : en ce cas, l’information ne détermine l’ordre qu’après deux opérations interposées : il faut d’abord que, par un premier courant nerveux, la nouvelle monte, du centre local, à la moelle allongée ; il faut ensuite que, par un second courant nerveux, l’injonction descende de la moelle allongée jusqu’au centre local. Ordinairement, d’autres injonctions partent en même temps de la moelle allongée vers les autres centres locaux. De cette façon, une seule nouvelle transmise par un seul centre local provoque dans le centre supérieur un système d’injonctions coordonnées que les divers centres locaux exécutent, chacun pour sa part, chacun dans son domaine, chacun à son rang ; et, sous ce chef unique, toutes ces administrations distinctes opèrent avec harmonie. Tel est le premier ministère ; il occupe toute la moelle allongée, c’est-à-dire le bulbe, la protubérance et peut-être les commencements des pédoncules cérébraux. Il gouverne non-seulement la moelle épinière avec ses trente et une paires de nerfs, mais encore les dix dernières paires de nerfs crâniens. Il a plusieurs étages superposés, des bureaux sensitifs de plusieurs espèces, des bureaux moteurs, des communications qui relient ses bureaux entre eux et qui le relient lui-même à ses supérieurs hiérarchiques, soit pour transmettre des informations, soit pour recevoir des ordres. En quoi consiste cette organisation compliquée ? Nous ne pouvons le dire avec précision ; mais il est certain que la moelle allongée a des supérieurs qui jouent par rapport à elle le rôle qu’elle joue elle-